ÉCRITS ET ESSAIS SUR DOSTOÏEVSKI
1884 : Un grand romancier : Dostoievski, par Arvède Barine (Louise-Cécile Bouffé).
Revue politique et littéraire, décembre.
« Dostoievski a vécu, pensé et écrit prosterné devant toute la souffrance de l’humanité. Entre tous ses titres de gloire, c’est le plus beau et le plus pur. »
1885 : Dostoïevsky, par Eugène-Melchior de Vogüé.
Revue des Deux Mondes, janvier. Article repris presque inchangé en 1886 dans Le Roman Russe, devenu : Dostoïevsky. — La religion de la souffrance.
« Voici venir le Scythe, le vrai Scythe, qui va révolutionner toutes nos habitudes intellectuelles. [...] » (version de 1886)
Un romancier-psychologue russe : Dostoievsky, par Eugène Hins.
Revue de Belgique, de février à mai.
Cet article contient les premiers extraits traduits des Frères Karamazov, dont « Le Grand Inquisiteur ».
1911 : Dostoïevski, par André Suarès.
« En Dostoïevski s’opère la révélation de tout un monde. Tel il est, telle la Russie. De toute nécessité il lui fallait être condamné à mort et qu’il allât au bagne avec elle. Dostoïevski a créé pour nous la Russie mystique, la Russie cruelle et chrétienne, le peuple de la mission, entre l’Europe et l’Asie, qui porte à l’ennui du crépuscule occidental le feu et l’âme divine de l’Orient. Quel roi, quel politique ou quel conquérant a plus grandement agi pour sa race ? [...] Il faut qu’il y ait un peuple russe dans les langes. Il faut que ces esclaves politiques soient admirables de liberté morale, [...] riches d’une conscience qui n’a plus d’égale en Europe. Il faut que ce peuple [...] soit le seul peuple d’Europe qui ait encore un Dieu. [...] Dostoïevski, le cœur le plus profond, la plus grande conscience du monde moderne. »
1912 : Sur le « Dostoïevski » de Suarès, par Jacques Copeau.
« J’en sais qui, pour s’être approchés du « maître en toutes passions », ont senti se creuser dans leur sein un désir, que rien désormais ne saura combler. Dostoïevski ne veut être compris qu’éperdument. Il faut qu’on se donne à lui comme il se donne au monde. Ceux qu’il a nourris, de longtemps ne trouveront plus saveur ni suc à tout autre aliment. Ceux qu’il a touchés, garderont de ce contact une brûlure inguérissable. Suarès offre son cœur à cette brûlure. [...] »
1914 : Dostoïevsky, par Élie Faure.
Essai paru dans Les Constructeurs à côté de chapitres consacrés à Lamarck, Michelet, Nietzsche et Cézanne.
« Les Frères Karamazov sont le dernier cri de ton cœur, et le plus pur. Ici, vraiment, il n’y a plus rien entre toi et l’âme des hommes qui s’enfonce avec toi dans l’ivresse et l’horreur de sentir son mystère croître à mesure que vous descendez ensemble plus avant. [...] La trame est misérable. C’est un fait-divers quelconque, rien d’extérieur ne sépare le livre du plus insane feuilleton, ni dans la qualité du fait, ni dans le récit, ni dans la succession et l’exposé des épisodes. Les moyens de mélodrames abondent, cauchemars, spectres, sang sur les mains, escaliers livides de lune, portes qui s’ouvrent en silence à la seconde où une pensée terrifiante vient à celui qui leur tourne le dos. Seulement, l’esprit de l’effroi est notre compagnon muet. Celui-ci n’est qu’un assassin, celui-ci n’est qu’un misérable, celle-là n’est qu’une putain. Seulement nous nous consumons à la flamme de leur cœur. [...] [Dostoïevsky] ne s’est jamais demandé s’il y avait des hommes non pareils aux hommes innombrables dont il saisissait en lui la présence confuse parce qu’il était innombrable, parce qu’il était fort et connaissait sa faiblesse, parce qu’il était pur et se savait des coins de fange, parce qu’il était bon et avait surpris sa cruauté, parce qu’il était fidèle et souffrait de son inconstance, parce que quels que fussent ses actes, jamais il ne s’était menti. [...] Voilà donc le plus haut de tous les livres qui pardonnent. [...] Il mourut quelques mois après qu’il eût publié ce grand livre, l’un des plus grands qu’on ait écrits. »
1921 : Centenaire de Dostoïevski, par André Suarès.
Allocution pour les cent ans de la naissance de Dostoïevski.
« Où est à présent la Russie ? Nulle part aussi vraie, aussi vivante, aussi puissante même que dans Dostoïevski. Dix volumes suppléent à un empire qui égalait le quart de la terre. Un grand esprit est une grande conscience. Et il n’y a pas eu dans le monde moderne de plus grande conscience que Dostoïevski. La Russie semble disparue dans un volcan, submergée sous un déluge de cendres. [...] N’est-ce pas le plus beau triomphe de l’esprit ? Un monde peut s’abîmer : il reste immortel par un livre. »
1922 : Les Prophéties de Dostoïevski, par Émile Haumant.
Journal des débats politiques et littéraires, mai.
« De par la force des choses, la lutte, que nous voyions surtout économique, a pris et garde l’aspect d’une guerre religieuse ; par-dessus les appétits des individus ou des classes, ce qui la mène, c’est l'athéisme révolutionnaire dont Dostoïevski prédisait le triomphe. »
1923 : Dostoïevski et l'amour, par Nikolaï Berdiaev.
5e chapitre de L’Esprit de Dostoïevski. Traduction parue dans La Nouvelle Revue des Jeunes, 1929.
1925 : Pour comprendre Dostoïevski, par André Suarès.
Chapitre XLVIII de Sur la vie, essais.
« Plus nous allons, plus Dostoïevski grandit sur l’horizon de l’art et de la pensée. Il couvre les royaumes à venir de l’esprit. [...] Telle est la grandeur de Dostoïevski : ses œuvres sont les Iliades de la connaissance, les poèmes de la guerre de Dieu et du moi. La Russie y palpite à jamais, dans son sang, toute nue. »
1937 : L'Œuvre de Dostoïevski, par Léon Chestov.
Série de cinq conférences diffusées sur Radio-Paris entre le 3 avril et le 1er mai ; texte publié dans les Cahiers de Radio-Paris, n° 5, 15 mai.
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La grande étude-biographie de Stefan Zweig, parue en 1920 dans Drei Meister mais dont des premières ébauches avaient paru dans « Dostojewski: Der Kampf um die Wahrheit », Österreichische Rundschau, 40, 1914, p. 199-203, et « Dostojewski. (Der Mythos der Selbsgeburt) », Die Zukunft, 23 janvier 1915, a été réédité par la Bibliothèque russe et slave et Ginkgo en 2021 pour le bicentenaire et peut être commandée dans n'importe quelle librairie ou sur la Librairie du Voyageur.
« Dostoïevski semble s’ouvrir les veines pour peindre avec son propre sang le portrait de l’homme futur. Il a pénétré le mystère de l’âme plus profondément que nul autre avant lui. [...] L'admiration que fait naître son art, sa maîtrise intellectuelle dépassent toute commune mesure ; plus on s'absorbe dans son œuvre, plus sa grandeur paraît invraisemblable et formidable. »