LA BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE
— LITTÉRATURE RUSSE —
Mikhaïl Savoyarov
(Савояров Михаил Николаевич)
1876 — 1941
LA LUNE EST IVRE !
(couplets comiques)
(Луна — пьяна!)
1915
Traduction de Morgan Malié, 2015.
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Lune, vieille Lun’, tu dois être ivre :
Tu te crisp’s et tu grimac’s et tu persifles...
Oh, tu n’es pas une lumière vive !
Tu t’ratatin’s : à quoi bon qu’tu persistes ?
Voilà bien ta façon,
Tu me prends pour un con !
C’est bien toi qui t’la payes
Au compte du Soleil !
Et ta lumière est bien vilaine !
Lorsque je m’enfuis en panique
D’une ripaille à ma cellule
A chaque fois je polémique
Avec cette idiote de Lune
Et je m’indigne et je m’insurge
Quand je la sais encor qui conte
Que je me prends toujours des murges
Et que c’n’est jamais à mon compte :
Et maintenant qu’elle est si schlass
C’est moi qui dois fair’ des grimaces !
Lune, vieille Lun’, tu dois être ivre :
Tu te crisp’s et tu grimac’s et tu persifles...
Oh, tu n’es pas une lumière vive !
Tu t’ratatin’s : à quoi bon qu’tu persistes ?
Voilà bien ta façon,
Tu me prends pour un con !
C’est bien toi qui t’la payes
Au compte du Soleil !
Et ta lumière est bien vilaine !
Je le sais bien, c’est à Katiouche
Que tu veux me faire allusion
J’ai des emprunts dans ma cartouche
Je les rendrai à l’occasion
Mais je me fous des doux foyers
Et, madame, autant de ce monde
On a dîné entre affidés ?
Je payerai bien pour ma fronde...
Tu n’y crois pas, v’là qu’tu en doutes ?
Tu veux me chicaner, sans doute ?
Lune, vieille Lun’, tu dois être ivre :
Tu te crisp’s et tu grimac’s et tu persifles...
Oh, tu n’es pas une lumière vive !
Tu t’ratatin’s : à quoi bon qu’tu persistes ?
Voilà bien ta façon,
Tu me prends pour un con !
C’est bien toi qui t’la payes
Au compte du Soleil !
Et ta lumière est bien vilaine !
Je suis verni par le destin
De m’envoler de ce séjour
Tu brilles aussi, vieille catin,
Dans le mois pour cinq ou six jours !
On polissonne alors en masse :
Voici venir les coupl’s en foule
On s’assemble et puis on s’embrasse
Calmement devant ta margoule
Tu ne vaux rien, autant tu traînes
Et toi aussi tu mens, vaurienne !
Lune, vieille Lun’, tu dois être ivre :
Tu te crisp’s et tu grimac’s et tu persifles...
Oh, tu n’es pas une lumière vive !
Tu t’ratatin’s : à quoi bon qu’tu persistes ?
Voilà bien ta façon,
Tu me prends pour un con !
C’est bien toi qui t’la payes
Au compte du Soleil !
Et ta lumière est bien vilaine !
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Texte établi par la Bibliothèque russe et slave ; déposé sur le site de la Bibliothèque le 24 mai 2015.
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