LA BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE

 LITTÉRATURE RUSSE

 

 

Mikhaïl Saltykov-Chtchedrine

(Салтыков-Щедрин Михаил Евграфович)

1826 – 1889

 

 

 

 

LES GÉNÉRAUX ET LE MOUJIK

(Comment un moujik parvint à nourrir deux généraux)

(Повесть о том, как один мужик двух генералов прокормил)

 

 

 

1869

 

 

 

 

 


Traduction de Ed. O’Farell, Paris, Librairie des bibliophiles, 1881.

 


 

 

 

 

 

 

 

Il y avait une fois deux généraux, gens de peu de cervelle.

Tout à coup, par sortilège, ils se trouvèrent transportés dans une île déserte.

Ces deux généraux avaient servi, toute leur vie durant, je ne sais dans quels bureaux. Ils y étaient nés, ils y avaient grandi, ils y étaient devenus vieux. Aussi n’entendaient-ils rien à rien. Ils ne connaissaient pas d’autres mots de la langue que : « Veuillez agréer l’assurance de mon profond respect et de ma haute considération. »

Or il advint qu’on supprima leur emploi comme n’étant d’aucune utilité. Rendus à la liberté et mis en disponibilité, nos deux généraux se fixèrent à Saint-Pétersbourg, dans la rue Podiatcheskaïa. Chacun avait son appartement et sa cuisinière, et ils recevaient chacun une pension du gouvernement.

Mais voilà qu’un beau jour, comme on l’a déjà dit ci-dessus, ils se trouvèrent tout à coup dans une île déserte et s’y réveillèrent couchés tous deux sous une seule et même couverture.

Naturellement, ils ne comprirent tout d’abord rien à ce qui leur arrivait, et ils commencèrent à causer comme si rien d’extraordinaire ne s’était passé.

« Je viens de faire un rêve étrange, Excellence, dit l’un d’eux. Il me semblait que j’étais dans une île déserte... »

Mais il s’interrompit brusquement et se leva. Son compagnon en fit autant.

« Seigneur ! Qu’est-ce que cela signifie ? Où sommes-nous ? » s’écrièrent-ils d’une voix troublée par l’émotion, et ils se mirent à se tâter l’un l’autre pour voir si cette aventure était un rêve ou une réalité ; mais, malgré tous leurs efforts pour se persuader que tout cela n’était qu’une vision, ils furent obligés de se rendre à la triste évidence.

D’un côté, c’était la mer ; de l’autre, un coin de terre au delà duquel on voyait encore la mer, rien que la mer, à perte de vue.

Nos généraux versèrent alors des larmes, les premières depuis la suppression de leurs emplois. Ils se considérèrent l’un l’autre, et ils s’aperçurent qu’ils étaient en chemise de nuit avec leurs décorations au cou.

« Comme ce serait bon de prendre son café ! » dit l’un. Mais, se rappelant aussitôt l’aventure inouïe qui venait de leur arriver, ils se mirent à pleurer. « Que faire ? ajouta-t-il au milieu des sanglots. Faire un rapport sur notre aventure ? À quoi cela servirait-il ?

— Voici ce qu’il faut faire, répliqua l’autre. Que Votre Excellence daigne marcher vers le levant, tandis que je me dirigerai vers le couchant ; puis nous nous réunirons de nouveau ce soir en cet endroit-ci, et peut-être aurons-nous trouvé quelque solution. »

Ils se mirent donc à chercher l’est et l’ouest. Ils se rappelèrent, à ce propos, que leur chef supérieur avait dit un jour : « Quand vous voudrez trouver l’est, regardez le nord, et l’est sera à votre droite. »

Ils commencèrent donc par chercher le nord, ils s’y prirent de toutes les façons ; mais, comme ils avaient passé toute leur vie à servir dans les bureaux, ils ne trouvèrent rien.

« Voici ce qu’il convient de faire, Excellence, dit alors l’un d’eux. Marchez vers la droite. Moi je marcherai vers la gauche. Vous verrez que, comme cela, ça ira. »

Celui des deux qui parlait ainsi n’avait pas seulement servi dans les bureaux ; il avait aussi professé la calligraphie à l’école des enfants de troupe, et c’est ce qui faisait qu’il avait plus d’esprit.

Son avis fut aussitôt mis en action. L’un marcha vers la droite, et voilà qu’il découvrit des arbres, et sur ces arbres toute espèce de fruits.

Il aurait bien voulu cueillir, ne fût-ce qu’une pomme, mais tous ces fruits étaient si haut perchés qu’il aurait fallu grimper aux arbres. Il tenta de le faire, mais ne réussit qu’à déchirer sa chemise.

Il arriva ensuite au bord d’un ruisseau, et qu’y vit-il ? Qu’il y fourmillait des poissons, tout comme dans le vivier de Fontanka à Saint-Pétersbourg.

« Si nous avions pareils poissons dans la rue Podiatcheskaïa ! » pensa notre général, et sa figure s’illumina à cette pensée appétissante.

Il arriva ensuite dans un bois. Ce n’étaient que gelinottes, coqs de bruyère, lièvres.

« Seigneur ! Quel régal ! quelle bonne aubaine ! » s’écria-t-il, et au même moment il commença à éprouver un malaise causé par la faim ; mais force lui fut de revenir les mains vides au lieu du rendez-vous. L’autre général l’y attendait déjà.

« Eh bien, Votre Excellence a-t-elle trouvé quelque chose ?

— Voici, je n’ai trouvé qu’un vieux numéro de la Gazette de Moscou ; pas autre chose ! »

Nos généraux prirent alors le parti de se recoucher, mais ils ne purent pas dormir l’estomac vide. Tantôt ils étaient troublés par la pensée de savoir qui pouvait toucher leur pension pour eux, tantôt ils étaient poursuivis par le souvenir des fruits, des poissons, des gelinottes, des coqs de bruyère, des lièvres, aperçus dans la journée.

« Qui aurait pu imaginer, Excellence, dit l’un, que la nourriture de l’homme, considérée sous son aspect primordial, vole en l’air, nage dans l’eau et croît sur les arbres ?

— Certes, répondit l’autre, je dois l’avouer, je croyais jusqu’ici que les petits pains blancs poussaient tout faits, comme on les sert le matin avec le café.

— Par conséquent, poursuivit le premier, si, par exemple, quelqu’un a envie de manger une perdrix, il faut commencer par la chasser, puis il faut la tuer, puis la plumer, puis la rôtir... Mais comment venir à bout de tout cela ?

— Oui, comment venir à bout de tout cela ? » répéta l’autre général comme un écho.

Ils se turent et tâchèrent de dormir, mais décidément la faim les en empêchait. Les gelinottes, les dindes, les cochons de lait, leur passaient devant les yeux avec accompagnement de concombres, de pickles et de diverses salades.

« Actuellement, je crois que je mangerais volontiers mes propres bottes, dit l’un des généraux. — Les gants aussi ne sont pas mauvais, quand ils ont été beaucoup portés, » dit l’autre avec un soupir.

Tout à coup leurs regards s’entre-croisèrent. Leurs yeux jetaient un éclat fauve, leurs dents grinçaient. Un sourd rugissement s’échappa de leurs poitrines. Ils rampèrent l’un vers l’autre ; puis en un clin d’œil ils devinrent furieux comme des bêtes féroces. On vit voler des mèches de cheveux ; on entendit retentir des cris, puis des gémissements.

D’un coup de dent le général qui avait été professeur de calligraphie avait arraché à l’autre sa décoration et l’avait avalée tout entière en un instant.

La vue du sang qui coulait leur rendit enfin la raison.

« Nous sommes chrétiens ! s’écrièrent-ils, et nous allions nous manger !

— Comment en sommes-nous venus là ? Quel est le mauvais génie qui nous a joué ce tour ?

— Excellence, il faut nous distraire par quelque conversation, sans quoi il y aura mort d’homme.

— Commencez.

— Par exemple, à quelle cause attribuez-vous que le soleil commence par se lever et finisse par se coucher, au lieu que ce soit l’inverse ?

— Excellence, permettez-moi de vous dire que vous êtes vraiment un homme étrange. Vous-même vous n’agissez pas autrement que le soleil. Vous commencez par vous lever, puis vous allez au ministère, ensuite vous y faites des écritures, et enfin vous finissez par vous coucher.

— Mais pourquoi ne pas admettre l’ordre suivant : je commence par me coucher ; je fais des rêves variés ; ensuite je me lève ?

— Hein ?... Oui-da !... cela mérite réflexion. À vous parler franchement, du temps que je servais au ministère, je n’avais qu’une manière de voir les choses. Je me disais : Maintenant c’est le matin, puis ce sera le jour, ensuite on me servira mon souper ; puis enfin ce sera le moment d’aller se coucher. »

L’idée du souper les replongea dans la peine et coupa court à leur conversation dès le début.

L’un d’eux la renoua ainsi :

« J’ai entendu dire à un médecin que l’homme peut se nourrir longtemps de ses propres sucs.

— Comment cela ?

— Voici comme : les sucs humains, si je puis m’exprimer ainsi, reproduisent des sucs ; ceux-ci à leur tour en produisent d’autres, et ainsi de suite jusqu’à leur épuisement.

— Et alors ?

— Et alors il redevient nécessaire de prendre quelque nourriture.

— Ah ! diable ! »

Bref, quel que fût le sujet de leurs conversations, toujours ils en revenaient à la nourriture, et cela ne faisait qu’exciter leur appétit. Ils convinrent donc de cesser de causer, et, se rappelant la trouvaille de la Gazette de Moscou, ils en commencèrent la lecture avec avidité.

 

« Hier, lut d’une voix émue l’un de nos généraux, il y a eu dîner de gala chez l’honorable gouverneur de notre antique capitale. La table était de cent couverts et servie avec un luxe inouï. Les produits de toutes les parties du monde s’étaient pour ainsi dire donné rendez-vous à cette fête magique. On y voyait le sterlet doré péché dans les ondes de la Cheksna, et l’habitant des forêts du Caucase : le faisan. On y voyait des fraises, au mois de février, rare phénomène sous notre climat septentrional !... »

 

« Assez ! bon Dieu ! Votre Excellence ne peut-elle découvrir quelque autre sujet ? » s’écria avec désespoir l’autre général ; et, prenant le journal des mains de son compagnon, il lut ce qui suit :

 

« On nous écrit de Toula :

« Hier, à l’occasion de la prise d’un esturgeon dans la rivière Oupa (les habitants les plus âgés n’ont pas souvenir d’un pareil événement, d’autant plus extraordinaire que cet esturgeon offrait une ressemblance frappante avec le commissaire de police B...), le club de notre ville a donné un festival. Le héros de la fête fut servi sur un immense plat en bois. Il était entouré de petits concombres et tenait dans sa gueule un bouquet d’herbes. M. le docteur P..., chargé ce jour-là de la présidence du club, a veillé avec soin à ce que tous les invités eussent un bon morceau. Les sauces étaient des plus variées, même au point de friser l’excentricité. »

 

« Permettez, Excellence ! s’écria l’autre général en interrompant son compagnon, mais il me semble que vous aussi vous choisissez les sujets de lecture sans discernement. »

Prenant à son tour le journal, il lut ce qui suit :

 

« On nous écrit de Viatka :

« Un des anciens habitants de notre ville a inventé la recette originale que voici pour préparer la soupe au poisson. Prendre une lotte vivante, bien la battre, et lorsque son foie grossit sous l’influence de la douleur... »

 

Les généraux baissèrent la tête. Tout ce qu’ils lisaient leur parlait de nourriture. Même leurs pensées conspiraient contre eux, car, quelques efforts qu’ils fissent pour chasser l’image des biftecks, cette image s’offrait d’elle-même et s’imposait de force à leur esprit.

Tout à coup une inspiration vint au général qui avait été professeur de calligraphie, et sa figure en fut illuminée.

« Que diriez-vous, Excellence, s’écria-t-il joyeusement, si nous trouvions un moujik ?

— Que voulez-vous dire ? Comment cela ? Un moujik ?

— Eh bien, oui, tout simplement un moujik tel que sont d’ordinaire les moujiks. Sur l’heure il nous servirait des petits pains ; il prendrait pour nous des gelinottes et des poissons.

— Hum !... un moujik... mais où le prendre, puisqu’il n’y en a pas ?

— Comment, il n’y en a pas ? Du moujik il y en a partout, il s’agit seulement de parvenir à le dénicher. Pour sûr, il est caché quelque part pour éviter de travailler. »

Cette pensée donna courage à nos généraux. Ce fut au point qu’oubliant leurs maux, ils se levèrent comme mus par un ressort et se mirent à la recherche du moujik.

Ils errèrent longtemps dans l’île sans aucun succès ; mais enfin une âcre odeur de mauvais pain et de peau de mouton les mit sur la trace.

Au pied d’un arbre dormait, couché sur le dos, les poings sous la tête, un énorme moujik, fuyant ainsi le travail de la manière la plus éhontée.

L’indignation des généraux ne connut pas de bornes. Ils s’élancèrent sur lui en criant :

« Tu dors, fainéant ! Tu ne te fais pas l’ombre d’un souci de ce que deux généraux meurent ici de faim depuis deux fois vingt-quatre heures ! Vite ! marche ! au travail ! »

Le moujik se leva. Il vit que les généraux ne plaisantaient pas. Il aurait bien eu envie de s’esquiver, mais ils le tenaient solidement.

Il commença donc à travailler devant eux.

Il grimpa d’abord sur un arbre et cueillit pour eux une dizaine de pommes des plus mûres. Pour lui-même, il n’en cueillit qu’une mauvaise, pas mûre.

Ensuite il fouilla le sol et y trouva des pommes de terre. Ensuite il prit deux morceaux de bois, les frotta l’un contre l’autre et alluma du feu. Ensuite, de ses propres cheveux, il fabriqua un collet et prit une gelinotte. Ensuite, il sut faire cuire des mets si variés que les généraux se demandèrent entre eux s’il n’y avait pas lieu d’en donner un petit morceau à ce fainéant.

Nos généraux se plaisaient à considérer tout ce travail du moujik, et leurs cœurs battaient joyeusement. Ils oubliaient déjà qu’ils étaient presque morts de faim la veille, et ils se disaient : « Il fait bon d’être général ; on se tire toujours d’affaire.

— Êtes-vous contents, messieurs les généraux ? leur demanda ce propre-à-rien de moujik.

— C’est avec satisfaction, cher ami, que nous considérons ton zèle, répondirent les généraux.

— Me permettez-vous maintenant de me reposer ?

— Repose-toi, bon ami, mais auparavant fabrique-nous une corde. »

Le moujik cueillit aussitôt du chanvre sauvage, le mouilla, le battit, le tordit et le soir la corde était prête.

Avec cette corde, les généraux attachèrent le moujik à un arbre afin qu’il ne se sauvât point, et eux-mêmes se couchèrent afin de dormir.

Un jour s’écoula, puis un autre. Le moujik devint habile jusqu’à savoir faire cuire la soupe dans le creux de ses mains.

Nos généraux se sentaient de plus en plus gros, gras, repus, joyeux et guillerets. Ils se mirent à calculer qu’ils étaient défrayés de tout et que, pendant ce temps-là, à Saint-Pétersbourg, leur pension s’accumulait sans cesse.

« Mais que pense Votre Excellence ? dit un jour l’un des généraux à l’autre en déjeunant. La construction de la tour de Babel a-t-elle réellement eu lieu ? ou n’est-ce qu’une allégorie ?

— Je pense, Excellence, qu’elle a réellement eu lieu. Autrement, comment expliquer la diversité des langues en ce monde ?

— Ainsi, vous croyez aussi au déluge ?

— Certainement : car comment, sans cela, expliquer l’existence d’animaux antédiluviens ? D’autant plus qu’on annonce dans la Gazette de Moscou...

— Si nous jetions un petit coup d’œil sur la Gazette de Moscou ? »

Ils allèrent chercher le numéro du journal, s’assirent à l’ombre, lurent d’un bout à l’autre les comptes rendus de la manière dont on avait mangé à Moscou, mangé à Toula, mangé à Penza, mangé à Riazan, — et cela ne les affectait plus comme auparavant.

Au bout d’un certain temps néanmoins nos généraux commencèrent à s’ennuyer. Ils pensaient de plus en plus souvent aux cuisinières qu’ils avaient laissées à Saint-Pétersbourg, et ils versèrent même quelques larmes en silence.

« Que fait-on en ce moment rue Podiatcheskaïa, Excellence ? demanda l’un d’eux.

— Ne m’en parlez pas, Excellence, mon cœur en est tout attristé ! répondit l’autre.

— On est fort bien ici. Il n’y a rien à redire. Mais la sagesse des nations a raison, il n’est pas bon pour l’homme d’être seul : le mouton ne va pas sans la brebis. Puis, mon uniforme me manque.

— Il me manque joliment, le mien. Comme il est de quatrième classe, la tête vous tourne rien qu’à considérer les broderies. »

Et ils commencèrent à tourmenter le moujik pour qu’il les conduisît à la rue Podiatcheskaïa.

Eh quoi ! le moujik connaissait la rue Podiatcheskaïa ; il y avait été en personne ; il y avait bu de l’hydromel et de la bière, et même il en avait bu force rasades.

« Mais nous sommes des généraux de la rue Podiatcheskaïa ! s’écrièrent nos généraux joyeusement.

— Et moi, répondit le moujik, chaque fois que vous avez aperçu un homme suspendu au dehors d’une maison le long d’une corde avec un pot de couleur et peignant les murs, ou bien se promenant sur les toits comme une mouche, c’était moi. »

Et le moujik chercha comment il pourrait faire plaisir à ses généraux en reconnaissance de ce qu’ils daignaient lui témoigner de la bienveillance, à lui fainéant, et de ce qu’ils n’avaient point de mépris pour son labeur de moujik. Et il construisit un navire, ou, pour mieux dire, une barque qui fût en état de traverser la mer et d’aborder tout contre la rue Podiatcheskaïa.

« Fais pourtant attention, canaille, de ne pas nous noyer, dirent les généraux en voyant la nacelle secouée par les flots.

— Soyez tranquilles, messieurs les généraux, cela me connaît, » répondit le moujik, et il se prépara pour le départ.

Il ramassa du duvet de cygne et l’étendit dans le fond de la barque. Ceci fait, il y coucha les généraux, fit le signe de la croix et mit la barque en mouvement.

Combien de fois les généraux prirent peur des tempêtes et des vents pendant la route, combien de fois ils injurièrent le moujik à cause de sa fainéantise, cela défie toute description.

Cependant le moujik ramait et ramait encore, et il nourrissait les généraux de harengs.

Enfin, l’on se retrouva sur l’antique Neva, et voilà que l’on aperçut le fameux canal de Catherine, et voici la grande Podiatcheskaïa !

Les cuisinières battirent des mains en revoyant leurs généraux gros, gras et guillerets.

Les généraux prirent leur café, se bourrèrent de petits pains sucrés et revêtirent leurs uniformes. Ils se rendirent au Trésor, et ce qu’ils y râtelèrent d’argent est impossible à redire dans un conte, ni à décrire avec la plume !

Cependant ils n’oublièrent pas le moujik ; ils lui envoyèrent un petit verre d’eau-de-vie et une pièce de cinq copecks. Réjouis-toi, moujik !

 

 

 

 


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Texte établi par la Bibliothèque russe et slave ; déposé sur Wikisource en novembre 2008 et sur le site de la Bibliothèque le 31 mars 2011.

 

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