LA BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE

 LITTÉRATURE RUSSE

 

 

Vassili Rozanov

(Розанов Василий Васильевич)

1856 — 1919

 

 

 

 

L’EFFONDREMENT DES IDOLES

(Вынос кумиров)

 

 

 

1903

 

 

 

 

 

 

Traduction d’Anna d’Oranovskaïa parue dans Foi et vie, année 12, 1909.

 

 

 

 

 


Les prophètes aussi les ont enduits de boue ; ils ont des visions fausses et ils prophétisent le mensonge disant : ainsi dit le Seigneur, l’Éternel, quoique l’Éternel n’ait point parlé.

(Ezéchiel XXII, 28.)

 

Et le roi commanda à Hilkija, le grand sacrificateur, de tirer hors du temple de l’Éternel tous les ustensiles qui avaient été faits pour Baal et pour Haschoreth, et chassa aussi ceux qui faisaient des encensements a Baal, et il tira hors du temple de l’Éternel l’abominable idole Haschoreth, et il les brûla hors de Jérusalem, aux campagnes de Cédron. Après cela, il démolit les maisons des prostituées qui étaient dans la maison de l’Éternel et dans lesquelles les femmes travaillaient à faire des tentes pour les bocages.

(II Rois XXIII, 4-6.)

 

[Vassili Rozanov, qu’on va lire, est un des promoteurs de la réforme religieuse en Russie. Ses articles sur les thèmes religieux et sociaux, dans le Novoï Wremia et autres journaux russes, ont soulevé une tempête de controverses en même temps qu’elles lui ont assuré nombre d’admirateurs dans tous les pays du monde. Ces idées subversives, doublées d’une sincérité sans limites, d’une inquiétude poignante (l’éternel point d’interrogation au fond de toute âme russe) ont fait dire de Rozanov qu’il s’efforce de tout détruire et laisse l’avenir sans espoir.

Vassili Rozanov est totalement inconnu en France. C’est un modeste, et ce n’est que justice de le présenter aux lecteurs de cette revue. Ses idées provoqueront la discussion et forceront, quoi que l’on en pense, à réfléchir. L’étude qui suit est tirée de sa dernière publication (série d’articles sur les propos d’actualité) sous ce titre : Sur le parvis de l’Église.

Il y dit dans le parvis du Tome II : « Dans ma table des questions philosophico-religieuses, je formule les perplexités accablantes qui nous guettent sur toute l’étendue de notre foi et qui ne peuvent pas ne pas se présenter à l’esprit de ceux qui méditent ou ont médité sur ces questions angoissantes.

« J’ai dit beaucoup de choses malgré moi. Mais qui conclurait que ce que j’ai dit me donne la moindre satisfaction, s’abuserait profondément. Pour moi, j’aime le soleil, le temps sec, le ciel pur, — la paix.

« Mais « après la chute » nous sommes évidemment condamnés à créer sans cesse, sous le soleil nuageux, sous la tempête, fatigués, allant à un but que nous ne voyons pas. — Y aura-t-il un repos pour les fatigués ? Nous en avons la promesse (Esaïe, Apocalypse). À quand la réalisation ?

« Je serre la main au lecteur, non comme un homme convaincu, mais comme un homme las à un autre homme qui est las également. » ]

 

L’histoire de l’Europe est, en grande partie, l’histoire du catholicisme.

L’histoire du catholicisme, tantôt de sa collaboration, tantôt de son antagonisme, s’enchevêtre avec l’histoire des États, des sciences et des arts, même avec l’histoire des guerres.

Le catholicisme a apposé son sceau sur tout et sur tous.

Grâce à des conditions historiques spéciales, c’est seulement dans le christianisme catholique que nous pouvons contempler une église vraiment indépendante. Ailleurs, dans ses autres branches, l’Église apparaît dépendante, enchaînée, timide, intérieurement repliée sur elle-même.

Seuls le pape et ses serviteurs disent en toute immunité, leur volonté à l’univers, se mettant en travers de la volonté des États, parfois même en plein mépris de la science.

Que l’idée de liberté absolue, illimitée pour soi, pour les siens soit la pierre angulaire de l’Église catholique, on en a la preuve dans le dogme de la dignité sacerdotale irréfragable. Une fois ordonné prêtre, un renégat, un apostat, un hérétique, un sacrilège même reste pour toujours et quand même, le dépositaire des « grâces sacramentelles ». Le prêtre catholique est un roi indétrônable, éternel.

Et déjà les jeunes élèves des séminaires sont soigneusement rasés à l’occiput : un petit rond, comme un sceau, les distingue des autres humains. Ce rond c’est la place choisie pour la future et éternelle couronne.

Cette indestructible royauté du clergé catholique lui permet de s’en prévaloir en des circonstances tout à fait particulières. Ainsi, il existe en Occident une association occulte, ayant pour but d’honorer le diable, en faisant célébrer « des messes noires » qui doivent être dites par un prêtre authentique, naturellement un athée, un prêtre qui a vendu son âme au diable. Bien que l’autorité ecclésiastique en soit informée, elle ne se croit pas en droit de priver de la prêtrise le sacrilège. « Il rendra un compte sévère de son crime. Dans l’autre monde, le jugement qui l’attend sera terrible ; il sera jugé comme prêtre, ce qui décuplera sa peine ; mais il ne peut être dépossédé de sa dignité sacerdotale, ni dans ce monde, ni dans l’autre ». N’est-ce pas logique ?

L’histoire du catholicisme est forte, éclatante, logique et libre. Elle est d’autant plus intéressante à étudier. « I mei prisoni[1] » ne nous fait pas comprendre tout le génie du chanteur ; il faut l’entendre chanter en liberté. Ces « chants libres » du cléricalisme tout puissant, nous les entendons dans les pays des prélats pourpres, des évêques violets.

 

* * *

 

Il n’y a pas longtemps je traversais en bateau le golfe de Riga. Notre steamer passait à côté d’un îlot minuscule, le Rouno, situé juste au milieu du golfe et dont on apercevait de loin les touffes d’arbres verdoyantes. Mes compagnons de voyage causaient entre eux des mœurs bizarres de la population, affirmant qu’elles étaient restées aussi primitives que celles de leurs ancêtres. Les habitants, pêcheurs ou jardiniers, ne s’intéressent a rien, en dehors de leur îlot et cela d’autant plus que, petit et sans importance, les vapeurs n’y font pas escale. D’autre part, ne possédant, comme moyen de locomotion, que leurs petites barques de pêche, les habitants ne peuvent se risquer à traverser le golfe. Une seule fois dans l’année, pendant les froids d’hiver, ils se rendent à Riga, en traîneaux, pour vendre le produit de leur travail, pour acheter ce qui leur est nécessaire ; et c’est là, leur unique contact avec la civilisation moderne. Pour cette même raison jamais personne ne les visite.

Tout cela était pour moi si nouveau, que, intrigué, je demandai à l’un des passagers :

— Il y a bien dans l’île au moins un commissaire de police ?

Ce fut, comme représentant du pouvoir, le premier nom qui me vint à l’esprit, et je le dis à l’improviste, comme pour me défendre de l’idée « d’un pays sans autorités, d’un peuple sans gouvernants ».

— Il ne s’y trouve personne, puisque c’est un misérable hameau. Les habitants s’acquittent régulièrement de leurs impôts, lors de leur visite annuelle à Riga. Seul, le pasteur s’est aventuré là, pour l’amour de Dieu, mais mal lui en a pris.

— Pourquoi ?

— Ce sont des brutes irrévérencieuses qui ne comprennent rien à la religion, et ne respectent pas « monsieur » le pasteur. Imaginez, que donnant tort au pasteur pour je ne sais à quel propos, ils l’ont fait passer « sous la barque[2] ».

Comme je demandais des explications, mes compagnons, mieux informés, m’apprirent que le « traînage » sous une barque était le seul et unique châtiment appliqué dans l’île.

Tout membre de la communauté, coupable envers elle, est jugé et condamné, s’il y a lieu, à subir cette peine peu ordinaire. Ainsi, celui qui, dans un village russe, aurait été exclu de la communauté par le suffrage de l’assemblée communale, serait, s’il habitait l’île Rouno, conduit dans une barque, au large ; on le plongerait dans l’eau pour le retirer de l’autre côté de la barque. L’opération ne dure guère qu’une minute : elle est aussi désagréable que peu dangereuse.

C’est cette plaisanterie de mauvais goût, que s’étaient permis les habitants de Rouno, envers leur père spirituel.

Je ne pus me défendre d’un sentiment très particulier, en entendant cette histoire.

Je frémissais à la pensée de ce bain forcé, et, d’autre part, je me demandais quels pouvaient être contre leur pasteur les griefs de ces hommes simples, et ce qu’il avait fait pour irriter ces Robinsons, évidemment peu cruels puisque leurs procédés de justice ressemblaient plutôt à une polissonnerie d’écoliers.

Après réflexion, je m’arrêtai à cette idée : Le pasteur était un homme bon, mais certainement un peu pédant ; sans doute plein de zèle et de piété, mais intransigeant et autoritaire. En somme, on ne pouvait lui reprocher rien de mal ; mais, toute la manière de vivre des insulaires, leurs habitudes, la tournure de leur esprit, discordaient infiniment avec la manière de vivre et de penser du pasteur, avec sa prédication abstraite et en même temps pressante.

Et alors ces primitifs, exaspérés, comme de grands enfants qu’ils étaient, le plongèrent dans l’eau.

Courte riposte à toute une année de rhétorique opiniâtre et sans doute sincère.

Mon idée me paraît d’autant plus juste, que peu de temps après, j’ai trouvé dans un livre, publié en Prusse, le récit d’un fait presque identique, du moins par son sens intime, à celui de l’île Rouno.

« L’abaissement de la vie religieuse est général », écrivait à la fin du siècle dernier, le « Super-intendant » de Berlin, dans son homélie au clergé prussien : « La plupart des églises ne sont fréquentées que par un nombre très restreint de personnes. La grande majorité de la population ne s’occupe que de choses terrestres, temporelles. La prière dans les familles est tout à fait abandonnée. La parole de Dieu ne se lit plus et se pratique encore moins. Le nombre de mariages libres et d’enfants non baptisés augmente avec une rapidité effrayante. La piété et le respect de la loi de Dieu et de la loi des hommes s’écroulent. Et la crainte du jugement de Dieu n’existe plus ; elle ne se conçoit même pas. De nos jours, il n’est plus question de controverses théologiques, l’existence même de Dieu est mise en doute, ainsi que l’immortalité de l’âme et l’imminence du jugement dernier ».

Ces doléances sont si fréquentes, qu’elles présentent, pour le philosophe, plutôt un intérêt de statistique religieuse, qu’un tableau religieux général.

Mais voici un fait concret qui nous permettra de découvrir, presque, la psychologie du phénomène.

Un journal allemand raconte que plusieurs centaines d’ouvriers, travaillant dans une usine de Westphalie et habitant tous le même village, ne fréquentaient jamais leur église, et, profitant de la nouvelle loi sur le mariage civil, s’abstenaient de se marier religieusement et de faire baptiser leurs enfants.

Le pasteur du village les invita à une réunion, où il leur fit à ce propos des remontrances.

Les hommes l’écoutèrent avec attention, puis l’un d’eux, un vieillard, prit la parole, et, au nom de tous, répondit en ces termes : « Monsieur le pasteur, vos paroles ne nous offusquent pas, car vous êtes bien dans votre rôle, et, tout ce que vous dites, est très bien dit. Mais, nous vous prions instamment de ne plus vous déranger pour nous. Nous tous, vieux et jeunes, grands et petits, nous ne croyons pas en Dieu, et nous ne désirons pas entendre parler de lui. Nous voulons travailler, gagner de l’argent, même nous permettre quelques distractions. Nous croyons en un avenir meilleur, non pas au Ciel, mais ici, sur la terre. Nous croyons aussi à l’Évangile, et au salut, mais il s’appelle pour nous la social-démocratie. C’est elle que Jésus-Christ prêchait, et il l’aurait introduite, si ses disciples, trop peu clairvoyants, ne s’y étaient opposés ».

Nous avons fait plus haut la remarque, que si dans les divers champs du christianisme, nous remarquons des courants parallèles, ces courants se manifestent avec plus de netteté, plus d’intensité et plus de suite, dans l’Église catholique.

La lutte contre le cléricalisme, qui s’est traduite en France par l’expulsion des congrégations, nous en donne la preuve jusqu’à l’évidence.

Tandis que dans les pays protestants le peuple tourne le dos au clergé, et se désintéresse de ce qu’il dit, dans les pays catholiques il y a lutte. Une lutte passionnée et implacable.

A-t-on jamais vu chose pareille dans l’Histoire du monde ? Où trouvera-t-on le récit d’une lutte des peuples païens avec leurs devins, et dans quel journal a-t-on enregistré la nouvelle d’une lutte des juifs contre leurs rabbins, des musulmans contre leurs mullahs ?

Le cléricalisme et l’anticléricalisme sont des produits spécifiques du christianisme. C’est seulement dans l’Europe chrétienne, que les peuples sont en désaccord avec le clan religieux. À des degrés divers sans doute, la discorde règne presque partout.

Laissant de côté la rhétorique emphatique et exaltée — comme, par exemple, les affiches, bannières d’un nouveau genre, que les congréganistes promenaient sous les yeux du peuple de Paris, avec des inscriptions : « La liberté est morte ! », ou les cris que poussaient les sœurs : « nous avons nourri les indigents, nous avons été des gardes malades modèles. Le Saint-Père est l’ami de la démocratie ! Pourquoi donc le gouvernement de la République nous fait-il la guerre ? » ! — que nous disent les expulsions des congréganistes ? Évidemment, si en France (ou plutôt dans le monde entier, car c’est un phénomène mondial), avait lieu une enquête commodo ou incommodo, la philanthropie laïque n’aurait qu’a tendre la main à la philanthropie des professants, la liberté laïque à la liberté religieuse. Et du coup, Liebknecht se transformerait en ami préféré du Saint-Père.

Mais, évidemment, la question n’est pas là. Nous nous trouvons en présence de deux processus historiques, entièrement différents, différents de la base au sommet. C’est comme la rencontre de deux individus, dont l’un monte l’échelle tandis que l’autre la descend. Sans doute, à un certain moment, ils se sont trouvés sur le même échelon, mais, jamais auparavant, ils n’avaient été ensemble, et, jamais dans l’avenir ils ne pourront plus se rencontrer.

Ils sont nés, pour ainsi dire, pour se repousser l’un l’autre.

Évidemment, le Saint-Père, le pasteur de l’île de Rouno et le super-intendant de Berlin sont sur le chemin descendant. Ils faiblissent.

Et si le Pape proposait l’amitié à Liebknecht, et la papauté un accord avec la République, et même, si les sœurs s’accommodaient de la liberté laïque de la société nouvelle, ni Liebknecht, ni la France, ni la liberté, n’accepteraient ces avances.

Voici quelles paroles inscrites dans les cœurs de tous les hommes, nous pourrions entendre, en réponse à ces propositions :

« Liberté !... vous l’avez opprimée pendant dix-neuf siècles et vous la voulez aujourd’hui seulement, à l’heure même où vous seuls êtes à l’étroit. Eh bien ! nous ne voulons pas le nier, c’est à cause de nous que vous l’êtes.

Vous cherchez la liberté pour vous, et non pour nous, l’humanité, et au détriment de la liberté des hommes. C’est pour cela que nous vous opprimons et seulement vous ; n’espérant la liberté de vous ni pour aujourd’hui, ni pour demain, ni pour jamais. Supprimez l’Index, prononcez un anathème solennel, contre les Cardinaux, les Évêques et les Papes, qui ont introduit l’Inquisition en Europe, et alors seulement nous croirons que vous êtes pour la liberté. Mais, au lieu de cela, vous voulez arracher de nos mains le flambeau de liberté, créé par nous dans l’Histoire, de cette liberté, que nous tenons, après tant de luttes, de notre liberté spéciale ; ne lâchant pas même une petite parcelle de la vôtre, de cette liberté aussi spéciale à vous, et qui est cependant si indispensable aux hommes.

Dans votre domaine propre, vous restez aussi fanatiques, que l’exigeait et le prêchait votre Thomas d’Aquin. Vous imposez ses œuvres à vos disciples, vous voudriez nous les imposer à nous. Vous distribuez des vivres aux indigents ; ouvrez-leur plutôt vos magnifiques parcs et jardins, transformez vos monastères en hôpitaux, consentez, en un mot, à une fusion complète et sincère avec nous et alors nous vous reconnaîtrons comme étant des nôtres, ou peut-être même consentirons-nous à nous allier à vous ; car alors nous ferions un avec vous.

Mais cette unité n’est pas, et elle est impossible, et elle ne sera jamais, parce que nous avons pris racine dans des sols différents et nous et vous, nous sommes des plantes différentes.

Les mots « liberté, fraternité, charité », étant pour nous et pour vous philologiquement identiques, ont en réalité pour vous et pour nous, un sens essentiellement différent.

Ainsi : vos repas donnés aux pauvres sont de la pure hypocrisie. Vous ne produisez rien, vous ne travaillez pas ; vous soutirez ou vous avez soutiré, à la population, des millions, et vous dépensez quelques centaines de francs pour les aumônes ! Il nous est plus profitable de conserver ces millions avec lesquels nous organiserons des secours pour les nécessiteux, sans en rien distraire à notre profit.

Et de même, vos sœurs de charité dans les hôpitaux !

Nous trouverons des femmes charitables, qui soigneront nos malades, sans poursuivre le but à côté, dont s’inspirent les sœurs ».

Et les congrégations s’en vont. Elles se fâchent, elles fulminent, mais elles partent.

Elles partent, parce que — si elles ont conservé des relations, des liaisons, avec quelques particuliers — avec la France le lien est rompu. C’est comme le super-intendant de Berlin, qui a conservé ses relations, son lien, avec le gouvernement allemand, avec le clergé et les allemands pieux, mais il n’y a plus de relation entre lui et le peuple — et par là tout est résolu.

Que reste-t-il donc, ou que restera-t-il à l’Europe après leur départ ? Qu’est-ce donc que ce phénomène extraordinaire, ces universels adieux entre les ouailles et leurs protecteurs ?

Qui pourrait mettre en doute, que ce phénomène ne marque pas un tournant décisif dans l’Histoire des hommes ? Robespierre reconnaissait l’Être suprême, Napoléon signait le Concordat avec le Vatican.

Aujourd’hui le gouvernement de la France, les ouvriers de Westphalie, les paysans de l’île Rouno, vont plus loin que les Robespierres, croient moins que les Napoléons.

Ces paisibles travailleurs, ces pères de famille quelconques, préparent une Révolution autrement importante. Ils signalent la séparation de l’Europe chrétienne avec son « pastorat ».

Est-ce la négation de Dieu ?

Les protestants allemands manifestent de l’indifférence à l’égard de leurs pasteurs, le peuple d’Italie et de France est hostile aux siens.

Les religieux chassés gémissent sous l’affront : « Le peuple se détourne de Dieu ! ». « Le peuple ne veut plus de Dieu ! ».

En est-il vraiment ainsi ?

Où en trouvons-nous les preuves ? Dans cette formule : Ils nous renient par conséquent, ils renient Dieu, n’entendons-nous pas une note fausse, un funeste malentendu ?

En l’analysant, ne trouverons-nous pas la clef de cette énigme, si terriblement triste et poignante ?

« Vous serez comme des dieux ! ». Cette promesse du serpent tentateur s’est réalisée, peu à peu, imperceptiblement, à travers les siècles.

La ligne de démarcation, qui sépara Dieu du pastorat, s’effaça jusqu’à la dernière limite. Mais, elle s’effaça dans la conscience des prêtres et de ceux qui gravitent autour d’eux. Elle subsiste toujours dans le champ de vision de tous les Autres. Et le peuple se reprend. L’expulsion des congrégations est l’inconsciente, mais l’incontestable réaction vers la restauration du culte de l’Unique. C’est le retour au strict monothéisme. C’est l’expulsion des Baals et des Astartés du temple de Salomon.

« Il n’y a pour nous d’autre Dieu que l’Éternel ». Et puisque vous vous êtes faits dieux ; puisque vous exigez qu’on se prosterne devant vous, qu’on vous rende un culte, qui n’est pas dû aux créatures mortelles, impuissantes et pécheresses, nous ne voulons plus de vous ni de votre Dieu. Votre présence nous froisse. Vous êtes un écran qui interceptez nos prières. Nous voulons voir Dieu, et nous ne voyons que vous. Vous êtes un obstacle entre Dieu et nous. Écartez-vous ! ».

Voici le nœud de la question : La révolte vient de ce qu’on a toléré une interprétation erronée et équivoque de l’idée du ministère et de la grâce.

Qu’est un serviteur (minister) de Dieu ?

Si tu es ministre, tu sers, mais de quel droit demandes-tu à être servi ? « Être servi » n’appartient et ne convient qu’à Dieu seul.

Le serviteur, n’est serviteur que par rapport à celui qu’il sert. Par rapport à tous, aux hommes, à l’Univers, à l’État, il est égal, identique d’essence. On élisait le grand sacrificateur pour un temps déterminé. Il alternait même avec un autre, comme cela se pratiquait encore du temps de Jésus-Christ. Sadok, le grand sacrificateur, est destitué de sa fonction par le jouvenceau Salomon, et il ne s’en plaint pas, il ne se révolte pas, Dieu ne punit pas Salomon ; au contraire, Il lui parle, Il se plaît en lui.

Ainsi, dans le service incontestablement divin qu’était le culte du Dieu d’Israël, le serviteur (minister) du vrai Dieu ne se transformait pas en « surhomme ». C’est donc par la violation des trois commandements de l’Éternel :

« Tu n’auras point d’autres dieux devant ma face,

Tu ne te feras point d’image taillée ; tu ne te prosterneras point devant elles et tu ne les serviras point.

Tu ne prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain », que se forma le christianisme catholique.

C’est sur la suppression de ces trois commandements, que se développa le corps du catholicisme, tout ce qu’il enferme de réel et de positif.

À travers cette trame compacte, il est à peu près impossible de percevoir tous les autres commandements de Dieu.

L’humanité s’est élevée enfin vers les hauteurs incommensurables du monothéisme pur, vers le « Je suis le Seigneur ton Dieu », mais tout de suite vinrent s’abriter sous la pourpre royale tous les papes défunts et vivants, et jusqu’au dernier des abbés. Tous figurent devant nous comme d’ « autres dieux », « les idoles précieuses », devant lesquelles il faut allumer les lampes votives et brûler de l’encens.

Et on a beau dire que : « cela n’est qu’une allégorie, que ce n’est que l’Image réfléchie de Dieu ; qu’ils ne sont (les saints de l’Église catholique) que des médiateurs, et qu’en se prosternant devant leurs images, érigées en autels, on s’incline moins profondément que devant Dieu », ce n’est que palliatif, que sophisme.

Devant le Dieu d’Israël, les Baals et les Astartés n’étaient admis, ni en qualité de frères cadets, ni en qualité de cousins ou de compagnons, ni même en qualité de subordonnés, ils n’étaient nullement admis comme Dieu et Homme solus Deus, solus Homo.

Les hommes, tous, sont égaux devant Dieu dans la fragilité de leur impondérable poussière.

Cette égalité entre tous les hommes est la condition d’une liberté égale pour tous ; condition extrêmement importante pour le genre humain.

Dans le Temps et pour l’Éternité, il est pour l’Homme un Point lumineux unique, absolu et dominant : c’est Dieu. Il fut dans le catholicisme entouré, et presque éclipsé, par des myriades d’autres points. Un catholique n’entend pas une seule et unique corde (Monothéisme), il en entend des milliers. Sa prière, son attention, sont distraites : il n’a pas le temps de penser à Dieu — à travers la foule des prêtres.

Abraham n’était-il pas prêtre ? Avec Lui, Dieu a scellé une éternelle alliance. Il semblerait donc, que, après un pareil « sacre », il lui aurait fallu répudier Sarah, abandonner ses troupeaux, pour se parer d’un manteau étoilé. Mais il n’en fut pas ainsi. Il était homme et pasteur, avant l’Alliance, il resta tel après. Ni Abraham, ni Moïse le législateur, ni Aaron, ni David le psalmiste, n’avaient en eux rien de surnaturel.

Ils ne s’arrogeaient pas le droit de représenter Dieu.

L’Apôtre Paul ne s’ornait pas d’une tiare ; il a été, et est resté un évangéliste, celui qui transmet la joyeuse nouvelle.

Pierre a continué à être pêcheur, étant l’Apôtre élu par le Sauveur. Tous ils étaient des monothéistes, c’est-à-dire des hommes comme les autres, et rien de magique ne les distinguait du commun des mortels.

 

* * *

 

La lumière qui émane de Dieu, revêt tous les hommes d’une splendeur égale.

Et, comme le dit David dans un de ses psaumes, « les hommes (tous) sont enfants de Dieu ; il est dit aussi dans le Nouveau Testament : « Vous êtes tous prêtres ».

Cette dignité d’enfants de Dieu, ce sacerdoce universel, est le trésor le plus précieux de la religion.

Je suis « in religio » parce que, par cette adoption, par cette filiation, par ce sacerdoce, je suis « in religione », en communion. Je suis uni à Dieu.

La « religion » pourrait-elle m’être personnelle, être mienne, si je ne suis qu’une quantité négligeable, un chiffre, quelque chose de profane, d’insignifiant ; si la concevabilité de l’Être, de la Substance de Dieu, si la possibilité d’union, de parenté avec Dieu, ne commençaient qu’à partir de l’abbé, revêtu d’un costume plus éclatant que ne l’était celui de Paul, de Moïse ou d’Abraham ?

Le Monothéisme dépouillera le clergé catholique de tous ses somptueux atours. Et vice versa, tant que subsistera le clergé, Dieu restera dépossédé de sa gloire, et, par suite, l’Univers, et l’Humanité de leur beauté et de leur sainteté.

Et il ne restera plus rien à l’homme, pour couvrir sa nudité devant Dieu.

Qu’est-ce que Dieu ? Qu’est-ce que l’Homme ?

Qu’est-ce que le Divin ?

J’emploie un mot impropre, n’en ayant pas d’autre, pour être compris : Dieu, c’est « Magie » ; le divin, c’est le « magique » ; l’humain, c’est le « simple ». J’aurais garde d’attribuer l’idée païenne de Magie à mon Dieu ; je veux dire seulement que le surnaturel et le naturel se limitent, et se circonscrivent par le divin-magique, et par l’humain-simple.

Depuis que les prêtres se sont arrogés une parcelle de surnaturel, de divin, de magique, imperceptiblement (pour eux) ils se sont posés comme des mages auxiliaires, comme des mages mineurs ; entourant Dieu, le Grand Mage, et le tenant à l’écart.

Ils s’attribuèrent une partie de Sa Substance, ils transportèrent sur eux une parcelle de Lui-même. Et il y eut moins de Dieu dans l’univers, à cause de la multitude des abbés. Mais leur « Magie » est sans effet, ou plutôt, depuis l’élévation de tous ces dieux, de toutes ces idoles, la foi au Dieu vivant commença irrémédiablement à s’éteindre dans le monde. Un épais brouillard obscurcit l’horizon. Le soleil ne se voit plus — la terre devient ténèbres.

Les procédés de la France et de l’Italie envers les catholiques sont sans doute brutaux et de mauvais goût. Ces agents de police convoyant les religieuses sont odieux.

Mais il est toujours quelque explication dans toute brutalité. Il y a là l’idée d’un cheveu (c’est une idée dans ce qui est banal, mesquin), comme disait Platon.

Pendant des siècles, le clergé catholique, autosuggestionné, s’est cru « un peu Dieu » et a agi en conséquence.

Il n’a plus rien laissé de divin pour les autres hommes. Et plus il se parait du manteau royal du sacerdoce, plus le monde était dévêtu, jusqu’à finir dans l’irréligion, dans l’abrutissement.

Lorsque le processus de dépouillement fut achevé, et que les hommes ne se sentiront plus « in religio », quoi d’étonnant que le monde devînt laid ?

De quoi se plaignent les « religieux » ? N’est-ce pas eux-mêmes qui ont élevé leurs propres bourreaux, d’autant plus implacables, qu’ils sont maintenant sourds et aveugles pour tout ce qui est saint, pour tout ce qui est sacré ?

Mais voici pourquoi l’athéisme des peuples ne peut pas durer indéfiniment.

Ils éprouvent seulement un insurmontable besoin de se reposer de tous ces faux dieux. Ils retourneront au Dieu Unique, mais, à cause de cela, ils ne reviendront plus vers le catholicisme. En général, ils ne reviendront plus jamais, ni au surnaturel sur la terre, ni au surnaturel dans l’homme.

Les peuples seront Un devant le Dieu Unique.

Ainsi pour le pasteur de Westphalie : il est allé vers les ouvriers, en supérieur, et de cet égoïsme hautain, tout le village s’est détourné avec indifférence. Mais, si au lieu de cela, il était venu en égal, en contemplateur impartial de ce royaume de l’Antéchrist, qu’aurait-il pu observer ?

Certainement — et cela se voit clairement dans le discours sobre et pondéré du vieillard — il aurait trouvé du calme, de la bienséance, au lieu de la bruyante et indécente ivrognerie qui accompagne toujours, dans nos villages, les fêtes soi-disant chrétiennes.

Mais cette façon de célébrer les fêtes est tellement commune et habituelle, qu’il n’y trouverait rien de « nouveau », de choquant, comme il y en avait du nouveau pour lui, du choquant, dans le discours du vieillard-ouvrier ; dans le geste impatient des pêcheurs de l’île Rouno, où cependant, sans police et sans autorités, les habitants auraient dû, depuis longtemps, s’être exterminés à la première querelle.

Dans ces conditions d’une liberté absolue, d’un isolement complet, il ne peut y avoir qu’une vie calme et patriarcale, ou un prompt et général cannibalisme. Il est vraisemblable, que si les insulaires s’occupent aujourd’hui, comme leurs ancêtres le faisaient, depuis les temps préhistoriques, de pêche et d’agriculture — les siècles y ont passé sans être troublés par le moindre vent d’ « affaires sensationnelles ».

En tout cas, on ne s’y fâche pas si impitoyablement que se fâche le pape, d’après ce document officiel : « Ces jours-ci, le Messager de Bruxelles, publie l’excommunication de Léo Taxil. La formule de l’excommunication a conservé son caractère moyenâgeux, la voici :

« Au nom du Dieu Tout-puissant, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; au nom de la Sainte Écriture, de la sainte et immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu ; au nom de tous les Anges, Archanges, Trônes, Puissances, Chérubins et Séraphins ; au nom des Patriarches et des Prophètes, des Évangélistes et des Bienheureux, des Martyrs et des Confesseurs, et au nom de tous les Saints, Nous faisons savoir que nous excommunions et que nous jetons l’anathème sur le criminel, qui se nomme Léo Taxil, et que nous le chassons de la porte de la Sainte Église de Dieu.

Dieu le père, qui a créé le monde le maudit ; et Dieu le fils qui a souffert pour les hommes, le maudit ; et le Saint-Esprit, qui a régénéré les hommes par le baptême, le maudit ; et la sainte religion, par laquelle nous avons été sauvés par Jésus-Christ le maudit ; et la Sainte Vierge, Mère de Dieu, le maudit ; et saint Michel, médiateur des âmes, le maudit ; et le Ciel et la terre et tout ce qui s’y trouve de saint, le maudit. Qu’il soit maudit partout où il se trouve : dans la maison, dans le champ, sur la grande route, sur l’escalier, dans le désert et même sur le seuil de l’Église.

Qu’il soit maudit, pendant sa vie, et, au moment de sa mort. Qu’il soit maudit dans tout ce qu’il fait : quand il mange, ou quand il boit, quand il a faim, et quand il a soif, quand il jeune, quand il dort, ou quand il est réveillé, quand il se promène, ou quand il se repose, quand il reste assis ou quand il est couché ; quand, blessé, il perd son sang. Qu’il soit maudit dans toutes les parties de son corps extérieures et intérieures. Que ses cheveux et son cerveau et son cervelet soient maudits ; ses tempes, son front, ses oreilles, ses sourcils, ses yeux, sa bouche, son nez, ses bras, ses mains, ses doigts, sa poitrine, son cœur, son estomac, ses entrailles, ses reins, son finie, ses hanches, ses genoux, ses jambes, ses pieds, ses ongles, qu’ils soient maudits.

Qu’il soit maudit dans toutes les jointures de ses membres. Que les maladies le consument, de l’occiput, jusqu’à la plante de ses pieds.

Que Jésus-Christ, fils du Dieu vivant, le maudisse de toute sa Puissance et sa Grandeur. Que le Ciel et toutes les forces vivantes se tournent contre lui, pour le maudire jusqu’à ce qu’il nous donne un repentir éclatant. Amen. Ainsi soit-il ; Ainsi soit-il. Amen ».

Je fais remarquer que cette formule étant ancienne, c’est-à-dire aussi habituelle que la liesse pendant les fêtes patronales, il est certain que nul, de nos jours, ne l’envisagerait comme le signe évident que le règne de l’Antéchrist approche, c’est-à-dire comme un sacrilège, une expression d’athéisme. Ainsi les choses qui sont manifestement contre Dieu, par l’habitude, ne nous paraissent plus l’être.

Il se peut cependant que les ouvriers de Westphalie, que le peuple français, expulsant les congrégations, instinctivement réprouvent depuis longtemps ce qui, aux yeux du clergé catholique, protestant et orthodoxe, n’est qu’une chose habituelle, banale, peut-être même excusable. Il est notoire, que pour le clergé, le commencement de cette « fin du monde » vient au moment où le pouvoir lui échappe, où son autorité s’effondre, et, en dernière analyse, où commence sa détronisation, sa réduction à la simplicité primitive, au rôle de « serviteurs de Dieu » : de « ministres », comme Pierre et Paul, comme le Grand Sacrificateur Sadok, comme Moïse, Aaron et Abraham, qui servaient le Dieu Unique et le servaient, la main dans la main, avec tous les autres enfants de Dieu.

Maintenant, que tous ces faux dieux s’en vont, qu’adviendra-t-il ?

Des années, des siècles peut-être, passeront, dans une réelle aridité, ou étroitesse des âmes ; et puis, de nouvelles pousses viendront. Après cette période de friche, une nouvelle floraison naturellement éclatera.

Les zoologistes nous disent, que dans les lacs souterrains où règne une nuit éternelle, les poissons qui les peuplent ont des yeux qui ne voient pas.

L’âme humaine possède certainement aussi des profondeurs, momentanément fermées à la lumière, des forces en germe, des yeux qui ne voient pas les mystères de Dieu et de la Nature. Mais ces forces doivent se réveiller. Les poissons, sortis des ténèbres, individuellement, mourront peut-être aveugles, mais chez les générations futures, l’œil primitif et incomplet se perfectionnera et verra.

Cette réponse du vieillard ouvrier : « Nous ne croyons pas en Dieu et ne voulons rien savoir de Lui », est une réponse pour lui, pour son fils — pour son petit-fils peut-être.

Nous ne pouvons répondre pour tous nos descendants. Et savons-nous seulement, avec quels yeux, nos arrière-petits-fils contempleront la magnificence d’un arbre épanoui sous le soleil printanier ? Dans les journaux, j’ai lu sur la France « athée » un détail qui m’a profondément touché, ici, dans les brumes de St-Pétersbourg, où la chose serait impossible.

« Les Parisiens, même les plus pauvres, en emportant leurs provisions, s’en vont avec leur famille, en bateau, ou en chemin de fer, passer une journée entière dans les bois, parmi la verdure ».

C’est très caractéristique. Notre peuple russe n’a pas cet amour de la nature. Cependant la nature est sobre, pure et délicate, en même temps elle vivifie et stimule. Planter un arbre, s’allonger sur le gazon, c’est comme boire du vin généreux dans le col étroit de l’antique amphore.

Je crois que l’alcoolisme et le manque de frondaisons dans nos campagnes, est un signe beaucoup plus évident de la prochaine venue de l’Antéchrist, que l’anticléricalisme du peuple français. Et les orgies qui accompagnent les fêtes, un signe beaucoup plus probant de l’irréligion, que la réponse froide et indifférente de l’ouvrier de Westphalie. Tout est paix dans le village athée de Westphalie, tout est tumulte dans nos villages, pendant les fêtes à la gloire de Dieu.

Quels fruits mûriront-ils ?

Il faut présumer que de ce calme, de cette réflexion athée, surgira, dans un siècle peut-être, mais surgira quand même, l’Image du Dieu unique, naîtra la prière nouvelle, inouïe !

Alors que tout ce qui subsiste encore de divin sombrera dans le désordre de notre dévotion bruyante et vide — alors que tout s’effritera et tombera en ruine, autour de la colère pontificale, jusqu’à la dévastation, jusqu’à la faim insurmontable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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Texte établi par la Bibliothèque russe et slave, déposé sur le site de la Bibliothèque le 22 janvier 2013.

 

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[1] Silvio Pellico.

[2] Dans les provinces Baltiques, le pasteur est presque toujours de la race conquérante et dirigeante, la race allemande, qui a subjugué les Lettes et les a convertis au christianisme.