LA BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE
— ÉTUDES —
Louis Léger
1843 – 1923
LA BATAILLE DE KOSOVO
ET LA CHUTE DE L’EMPIRE SERBE
1916
Article paru dans les Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres, 60ᵉ année, n° 6, 1916.
À la fin du xive siècle, la nouvelle des événements accomplis dans la Péninsule balkanique mettait de longues années avant d’arriver en Occident. Si l’on en croit la chronique dite du « Religieux de Saint-Denis »[1], c’est seulement au mois de juillet 1395 que fut apporté à Paris le récit de la bataille de Kosovo qui avait eu lieu au mois de juin 1389 ; et sous quelle forme arrivait ce récit !
Il était apporté à Paris par des ambassadeurs vénitiens. Ils racontaient, sans préciser la date, que le sultan des Turcs, appelé Lamorat, avait amené à travers la Valachie et la Bulgarie, qui étaient devenues des provinces de son empire[2], une armée colossale, une armée si formidable qu’on eût cru qu’il se flattait de soumettre toute la chrétienté.
À la nouvelle de son arrivée, le roi de Hongrie — qui, notons-le immédiatement, n’a pris aucune part à la journée de Kosovo — rassemble une armée, dont l’avant-garde est aussitôt écrasée par les envahisseurs. Mais il ne perd pas courage.
« Braves compagnons, dit-il à ses soldats, mettons notre espoir en Jésus-Christ. Il n’a jamais failli à ceux qui ont espéré en lui. » Les chrétiens, encouragés par ses paroles, se jettent sur l’ennemi et combattent avec acharnement. Parmi eux, le roi se distingue par sa valeur. Les barbares furent enfin vaincus, et ainsi s’accomplit, par la main des chrétiens, la vengeance que le ciel devait tirer de cette nation sacrilège.
Le dit Lamorat et son fils restèrent sur le champ de bataille avec cent mille des leurs. Les survivants s’enfuirent. Le roi de Hongrie avait juré de vaincre ou de mourir. Rien ne put le faire renoncer à sa résolution.
Le roi de France apprit avec joie la nouvelle de ce succès des chrétiens. Il alla le lendemain rendre grâces à Dieu dans l’église Notre-Dame de Paris avec ses oncles et les grands du royaume et y fit célébrer dévotement une messe solennelle au Saint-Esprit.
Voilà ce que l’on savait en France de la bataille de Kosovo, six années après la fatale journée. On savait que le sultan Mourad avait été tué et, comme on avait des idées très vagues sur les Slaves balkaniques, on substituait au tsar Lazare un roi de Hongrie. Au fond, cette confusion n’était pas bien extraordinaire. Jusqu’à ces dernières années, nous avons toujours été assez ignorants des populations du Danube et du Balkan.
À ce roman de nos ancêtres, essayons de substituer la réalité.
Au lendemain de la mort du tsar serbe Douchan (1355) qui avait porté à son apogée la puissance de sa nation et qui s’intitulait souverain autocrate des Serbes, des Grecs, des Bulgares et des Albanais, les Turcs s’établissaient à Gallipoli (1357). Douchan avait bien créé un empire assez vaste, mais cet empire était peu homogène. Il n’avait pas eu le temps de le consolider. À sa mort, ses États furent partagés entre son frère Siméon et son fils Ouroch. C’eût été le moment d’unir toutes les forces des Slaves balkaniques et des Grecs contre l’invasion ottomane. Mais ces nations ne surent pas s’entendre pour concentrer leurs efforts.
Le 26 septembre 1371, le roi Vlkachin (Voukachin) et le despote Ougliecha de Sérès furent défaits sur la Maritsa, à Kermianon (le Tchirmen des Turcs, le Tchernomien des Bulgares). Tous deux périrent et leurs corps ne furent même pas retrouvés. Le fils de Voukachin, Marko, le légendaire Marko Kralievitch[3], devient un vassal des Turcs. Les chants serbes qui le célèbrent longuement ne dissimulent point cette vassalité.
Au lieu de se concentrer sous un seul souverain, les Serbes se divisent de plus en plus. À la mort d’Ouroch, le dernier des Nemanides, Lazare Hrbelianovitch, qui avait épousé une princesse de cette dynastie, prend le titre de prince, Marko celui de roi. Le ban de Bosnie Tvrdko se proclame rex Rasciœ, Bosniœ, maritimorumque portuum. Georges Balchitch règne à Prizren. Lazare essaye de s’entendre avec les Ottomans, moyennant un tribut annuel de mille livres d’argent, et en mettant à leur service un contingent de mille cavaliers. En 1382, les Turcs s’emparent de Sofia, en 1386 de Viddin. L’année suivante, Lazare réussit à les repousser devant Plotchnick, sur la rivière Toplitsa.
Cette défaite, la seule que les Osmanlis aient éprouvée de la part des Slaves balkaniques, allait être cruellement vengée par le désastre de Kosovo polie.
Kosovo polie veut dire le Champ des merles et c’est ainsi que l’interprètent les textes latins du moyen âge : Campus merularum ; Amschelfeld, Amselfeld, traduisent les Allemands. C’est une vallée, un ancien bassin d’alluvion, orienté du Nord-Ouest au Sud-Est, d’environ cinquante kilomètres de longueur sur vingt de largeur, qui s’étend au Nord de la ville de Prichtina. Cette vallée représente un ancien fond lacustre dont la partie la plus basse est à 550 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle est fermée au Sud par le mont Char et traversée dans toute sa longueur par le cours de la Sitnitsa, rivière qui va se jeter dans l’Ibar, affluent de la Morava occidentale. Les localités sont, outre Prichtina, siège d’un vilayet, Voutchi Trn[4] et Mitrovitsa. Les rois serbes, qui n’avaient point de résidence fixe, ont souvent résidé ici dans des châteaux, notamment sur les flancs du Char Planina. La vallée s’allonge au croisement des routes qui. menaient de Constantinople à la Bosnie et à l’Adriatique, et de Salonique au Danube. Elle devait être nécessairement le point de rencontre et le champ de bataille des nations.
En 1072, les Byzantins y repoussèrent une attaque des Serbes et des Bulgares. De 1091 à 1094, Alexis Comnène y tint les Serbes en échec. Vers 1180, le grand joupan serbe Etienne Nemania y vainquit ses frères et leurs alliés, les Byzantins.
Après la bataille qui fait le sujet de cette étude, la plaine de Kosovo fut encore le théâtre de sanglants engagements. En 1448, quatre ans après le désastre de Varna, Jean Hunyade, gouverneur de la Hongrie, entreprit une expédition contre les Ottomans. Il rencontra le sultan Mourad II dans la plaine. L’action s’engagea le 18 octobre et dura trois jours entiers. Les Turcs furent vainqueurs et 17.000 chrétiens perdirent la vie. Un certain nombre d’entre eux réussirent à s’échapper dans la direction de l’Ouest et trouvèrent un asile à Raguse.
Avec le xviie siècle, c’est l’armée autrichienne qui entre en scène. En 1689, Piccolomini occupe Prichtina et Prizren. L’année suivante, les Impériaux sont battus et obligés de se replier sur Nich. En 1831, une rencontre eut encore lieu entre les Turcs et les Musulmans de Bosnie, insurgés contre les réformes du sultan Mahmoud. Ils furent défaits par le général Kara Moustapha.
La bataille de 1389 eut lieu le jour de la Saint-Vid ou saint Guy (Vidov Dan). En laissant de côté tous les ornements, tous les hors-d’œuvre dont l’a parée la poésie populaire, elle peut se résumer ainsi.
Au cours de l’année 1389,1e sultan entreprit en personne une campagne contre les Serbes. Il était accompagné de ses deux fils Bayezid et Jakoub, de son vizir Ali Pacha et des plus célèbres généraux de son armée[5], Timon Tach et son fils, Evrenos, Sakji Beg, Saroudj, Moustedja, Balaban Beg. Les États vassaux de l’Empire, l’Asie mineure, l’Albanie, l’Épire, la Thessalie, même un prince serbe, Constantin, avaient envoyé des troupes auxiliaires. « On avait rarement, dit M. Jorga, vu une armée turque si nombreuse et si bien conduite. »
Lazare s’était préparé de son côté ; il s’était assuré le concours du roi de Bosnie Tvrdko. Il avait sollicité celui du régent de Hongrie, le prince Sigismond, mais les négociations traînèrent en longueur. Ce ne fut que le 7 juillet 1389, trois semaines après la bataille, que Gara, ban de la Matchva[6], apparut à la cour du Kenezius de Rascia[7] (c’est ainsi que le protocole hongrois désignait Lazare). Elle apparut pour apprendre qu’il n’était plus de ce monde.
L’armée de Mourad franchit le défilé d’Ichtiman, puis obliqua subitement à l’Ouest dans la direction de Kustendjil et de Prichtina, dépassa cette ville et rencontra l’ennemi dans la plaine de Kosovo.
Lazare avait avec lui son gendre Brankovitch et les troupes auxiliaires envoyées par le roi de Bosnie, Etienne Tvrdko. Parmi les Serbes figurent un certain Miloch que les documents postérieurs appellent au xvie siècle Kobilitch ou Kobilovitch[8], et au xviiie, Obilitch. Ayant été calomnié auprès de Lazare, il voulut prouver à tout prix sa loyauté. Il pénétra dans le camp turc jusqu’à la tente du sultan Mourad et réussit à le poignarder. Il fut aussitôt massacré par les Ottomans. Si invraisemblable que semble cet exploit, on en retrouve l’analogue au siècle suivant dans l’histoire des Roumains. En 1462, Mohammed II entreprend une expédition contre le prince Vlad, surnommé l’Empaleur. Vlad, qui savait admirablement la langue turque — ce qui ne devait pas être le cas de Miloch — s’habille à la turque et, avec un certain nombre de compatriotes vêtus de la même façon, il entreprend de pénétrer jusqu’à la tente du sultan afin de l’assassiner ; mais, dans l’obscurité, il prend la tente d’un pacha pour celle du sultan. Il réussit à s’échapper, rejoint son armée et, plus heureux que le Lazare serbe, il met les troupes ennemies en déroute.
Le fils de Mourad, Bayezid, prend immédiatement le commandement et rétablit la bataille un instant compromise. Le prince Lazare est fait prisonnier et a la tête tranchée. Plus tard, la légende racontera qu’il a péri en combattant.
Son corps, abandonné ou restitué à ses compatriotes, fut enterré au monastère de Ravanitsa qu’il avait fondé huit ans auparavant. De Ravanitsa il fut transporté en 1683 à Saint-André, près de Bude en Hongrie, puis enfin dans la Frouchka Gora (montagne des Francs), dans la Slavonie, au monastère de Vrdnik qui fut appelé Nova Ravanitsa (Glasnik, XII, p. 622). Ainsi le martyr de Kosovo repose aujourd’hui en terre hongroise. Le corps de Mourad fut transféré à Brousse. Ses entrailles furent ensevelies dans un tulbe ou mausolée de marbre blanc. C’est un petit monument qui affecte la forme d’une mosquée sans minaret. Ce monument a été restauré au xixe siècle par le séraskier (ministre de la guerre) Hourch pacha. Il est pour les Musulmans le but d’un pieux pèlerinage. Ce tulbe est entouré de quelques habitations réservées au personnel chargé de sa conservation. Aux deux extrémités du cercueil brûlent deux cierges. Au-dessus, sept lampes sont suspendues. Les visiteurs — quelle que soit leur religion — ont le droit d’être défrayés gratuitement pendant trois jours. Après la Mekke, le tulbe de Mourad est le sanctuaire le plus vénéré des pays musulmans. Autour de lui se groupent de nombreuses tombes surmontées d’un turban[9].
Un autre tulbe se dresse non loin du village de Mazgit. Il renferme le tombeau de Sinan pacha, vizir de Mourad, et celui de son serviteur. Toute cette région s’appelle « le cimetière des héros ».
Que nous apprennent de précis les documents historiques sur cette bataille, qui semble appartenir beaucoup plus à l’épopée qu’à l’histoire ? En somme, bien peu de chose.
Et d’abord, consultons les textes contemporains.
Deux mois après la bataille, le 23 août 1389, le Conseil de Venise nous révèle ce qu’il sait dans des instructions données à un ambassadeur qu’il envoie à Constantinople. Il s’exprime ainsi :
« On raconte sur cette bataille différentes choses auxquelles il est difficile de croire ; mais nous devons tenir compte des nouvelles qu’on rapporte de la mort de Murat et de son fils et de l’avènement de son second fils[10]. »
Le roi Tvrdko de Bosnie, dans une lettre adressée à la commune de Trogir (Trau) en Dalmatie (Mémoires de l’Académie d’Agram, année 1893), annonce que le 15 juin précédent, le sultan a été tué in campo turdorum, au champ des grives (il se trompe d’oiseau, sans doute par distraction). Il ignore d’ailleurs la mort de Lazare.
Il transmet la même nouvelle à la ville de Florence. Et par une lettre datée du 20 novembre 1389, la cité le félicite de ce glorieux triomphe. Pour les contemporains, si le sultan a péri, c’est évidemment qu’il a été vaincu.
Un renseignement sérieux nous est fourni par des voyageurs russes qui, vers cette époque, avaient fait le voyage de Constantinople, le métropolitain de Moscou, Pimène, l’évêque de Smolensk, Michel, et le diacre Ignatiev.
Ignatiev s’exprime ainsi : « Miloch, fidèle serviteur de Lazare, tua par ruse Murad, et immédiatement après, les Turcs proclamèrent Bayezid fils de Murad. Alors les Turcs furent victorieux et s’emparèrent du tsar serbe Lazare. Sur l’ordre de Bayezid, il fut massacré. »
Ce document russe est le premier qui nous révèle le nom de Miloch. Ce nom est répété dans un firman du sultan Bayezid, dont la traduction serbe a été publiée au tome X du Glasnik, recueil de Mémoires de la Société des Sciences de Belgrade. Ce document désigne le meurtrier du sultan sous le nom de Miloch Kobilitch. Ce personnage aurait, sous prétexte de se convertir à l’islam, pénétré dans le camp turc et tué le sultan avec une arme empoisonnée.
Voilà, en somme, les seuls documents contemporains de la bataille.
Les récits serbes du xve et du xviie siècle n’ajoutent rien au peu que nous savons. Ils nous fournissent les noms d’un certain nombre de Serbes qui auraient péri avec Lazare : Joug Bogdanovitch, Miloch Omilevitch, Étienne Mousitch, etc.
L’ensemble des chants serbes relatifs à la bataille de Kosovo constitue un groupe dont certains adaptateurs ont voulu faire un cycle épique analogue aux poèmes homériques. Quelques-uns de ces chants ont dû, vu le tempérament poétique des gouslars serbes[11], se produire peu de temps après la bataille. Des légendes se sont formées peu à peu, et quelques-unes sont fort belles. On peut s’en faire une idée par les traductions de Mme Élisa Voiart, d’E. d’Avril, de Dozon[12].
La bataille de Kosovo ne marque pas — comme on le croit volontiers — l’écrasement définitif de la Serbie. L’État serbe devait subsister encore soixante-dix ans. Sous le règne d’Étienne Lazarevitch et de Georges Brankovitch, il eut même plus d’étendue qu’il n’en avait au temps de Lazare. Mais, au fond, il ne fit guère que végéter entre la Turquie musulmane et la Hongrie catholique.
La mort tragique de Lazare, victime des infidèles, lui valut d’être canonisé par ses compatriotes.
L’imagination populaire a voulu expliquer le désastre de Kosovo par la trahison d’un gendre de Lazare, Vouk Brankovitch. Il devient le Ganelon de l’épopée populaire. Il aurait passé à l’ennemi avec 12.000 hommes et sa trahison aurait entraîné la mort de 77.000 guerriers. Les textes primitifs ne connaissent rien de cette trahison, qui aura été imaginée pour consoler l’amour-propre national. Ces chiffres sont empreints d’une singulière exagération. 77.000 et 12.000, cela fait 89.000. En supposant que 10.000 aient pu s’échapper, cela ferait, pour les Serbes, un total de 100.000 pertes, ce qui suppose une armée deux ou trois fois plus considérable. Le colonel serbe Michakovitch, qui a consacré à notre bataille une étude technique[13], évalue — sans s’appuyer, d’ailleurs, sur des données positives — l’armée de Lazare à 25.000 hommes, celle des Bosniaques à 10.000 ; total : 35.000. Il suppose que celle des Turcs était trois fois plus forte. Tout cela donnerait un chiffre d’environ 120.000 combattants pour les deux parties. Les historiens turcs Nechria et Saduddine Khodja, qui sont postérieurs de plus d’un siècle à la bataille, donnent libre carrière à leur imagination. Nechria évalue le nombre des Serbes à 500.000. Il fait combattre dans leurs rangs des Allemands, des Valaques, des Arnautes, des Hongrois, des Tchèques, des Bulgares. En réalité, les seuls alliés de Lazare furent des Bosniaques, autrement dit des Serbes.
Quelques légendes sont restées attachées à la plaine de Kosovo. Un écrivain contemporain, M. Veselinovitch, les a recueillies et publiées (au tome XIV du Recueil annuel Godichnitsa de la Fondation Tchoupitch). En voici le résumé.
Les petites pierres blanches qui jonchent le sol au lieu dit Gazimestan et près du tombeau de Mourad représentent les fragments de biscuit que l’armée serbe dut abandonner dans sa retraite. Ces vivres furent changés en pierre par la vertu de la prière du sultan. Ceci est, évidemment, une légende turque. Quel intérêt le sultan avait-il à cette métamorphose ? C’était probablement pour que les Serbes ne pussent s’alimenter de nouveau s’ils reprenaient l’offensive.
Le sol de la plaine présente une teinte rougeâtre. Il la doit au sang des combattants tombés pour la défense de la patrie.
Une fleur appelée bojour croît en abondance dans la région. C’est la pœonia offïcinalis, une espèce de renoncule ou de pivoine de couleur rouge. D’après les Serbes, elle n’a commencé à croître qu’au lendemain de la bataille.
Un proverbe conserve encore le souvenir de la journée fatale.
Da je meni chtelo dobro biti
Ne bi Laxo meni poginuo.
« Pour mon bonheur, il eût mieux valu que Lazare n’eût pas péri à Kosovo. »
La bataille est restée dans la tradition comme le symbole de la défaite des Serbes écrasés par les Osmanlis. En réalité, le terrain était demeuré aux mains des Serbes. Les Turcs, déconcertés par la mort du sultan, n’avaient pas osé poursuivre leur avantage. Ce n’est qu’en 1445 que Kosovo tomba aux mains des Musulmans. Quatre ans après, la Serbie devenait un pachalik. Depuis, elle a eu de glorieux triomphes, elle a subi de cruelles épreuves. Nous pouvons lui dire, avec le poète :
O passi graviora, dabit Deus his quoque finem.
Ô vous qui avez souffert de pires maux, Dieu mettra fin, cette fois encore, à vos souffrances !
1915.
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Texte établi par la Bibliothèque russe et slave ; déposé sur le site de la Bibliothèque le 16 octobre 2016.
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[1] Collection des Documents inédits, tome III, livre xvi, p. 389.
[2] Ceci est absolument inexact.
[3] Dont j’ai étudié l’histoire et la légende dans un volume de la Bibliothèque slave (librairie Leroux).
[4] Prononcez « tern ». Ce mot veut dire « l’épine du loup ».
[5] Jorga, Histoire de l’empire ottoman, tome I, p. 360.
[6] Région du bassin de la Save, dont le centre était la ville actuelle de Schabats. Elle appartint tour à tour à la Hongrie et aux Serbes.
[7] Kenezius représente le serbe Knezn, prince. Rascia est un des noms de la Serbie.
[8] Ce qui voudrait dire « fils de jument ».
[9] Hahn, Reise von Belgrad nach Salonik ; Hilfording, La Bosnie et l’Herzégovine et la vieille Serbie.
[10] Cité par Rackzi, dans son étude sur la bataille de Kosovo (Mémoires de l’Académie d’Agram, XCVII).
[11] Joueur de gousle ou guzla, qui chantent en s’accompagnant de cet instrument.
[12] Élisa Voiart, Chants populaires des Serbiens. Paris, 1834 (traduit d’après l’allemand). — E. d’Avril, La bataille de Kosovo, rhapsodie serbe. Paris, Librairie du Luxembourg, 1866. — Dozon, L’épopée serbe, Paris, 1882.
[13] Kosovska Bitka. La bataille de Kosovo, étude d’histoire militaire (Belgrade, 1890, in-8).