LA BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE
— LITTÉRATURE RUSSE —
Ivan Krylov
(Крылов Иван Андреевич)
1769 – 1844
L’ÉLÉPHANT ET LE CARLIN
(Слон и Моська)
1808
Traduction d’Alain Préchac (2015).
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Visiblement pour l’exhiber,
Par les rues on menait
Un Éléphant.
On sait que l’Éléphant est chez nous peu courant.
Aussi tous les badauds en foule étaient derrière.
Venu Dieu seul sait d’où, un Carlin[1] les rencontre
Aperçoit l’Éléphant et, sans plus de manières,
Il se jette après lui,
Aboie, glapit et montre
Que lui chercher querelle est son premier souci.
« Cesse donc, ô voisin, ceci est ridicule,
Lui dit un Chien errant.
Est-ce à toi, un carlin, de jouer les Hercule
Auprès d’un éléphant ?
Vois, déjà tu t’enroues et lui va de l’avant,
Sans se presser
Ni remarquer aucunement
Ton aboiement.
— Hé hé ! lui répond le Carlin.
C’est justement cela qui me donne du cœur.
Car je puis désormais, sans m’exposer en vain,
Passer aux yeux de tous pour un grand batailleur.
Aux chiens de dire, parlant de moi :
Ah, le Carlin, que son courage est grand :
Il aboie contre un Éléphant ! »
Texte établi par la Bibliothèque russe et slave ; déposé sur le site de la Bibliothèque le 28 février 2015.
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[1] Carlin : petit chien d’agrément à poil ras, au museau noir et écrasé (Robert). Autrement dit, une horreur.