LA BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE
— LITTÉRATURE RUSSE —
Vsevolod Garchine
(Гаршин Всеволод Михайлович)
1855 – 1888
ATTALEA PRINCEPS
1880
Traduction d’Oleg Dolenev parue dans la Revue de Belgique, 36ème
année, 2ème série, tome 41, 1904.
Il y avait, dans une grande ville, un jardin botanique, et, dans ce jardin, une immense serre. Elle était très belle ; d’harmonieuses colonnes torses soutenaient l’édifice ; sur ces colonnes s’appuyaient de légères arcades artistement ouvragées et supportant l’entrelacement des châssis de fer sur lesquels étaient fixées les vitres. La serre était belle, surtout quand le soleil se couchait et l’éclairait de sa lumière rouge. Alors elle s’embrasait tout entière ; des reflets rougeâtres se jouaient et se transfusaient, comme dans une grande pierre précieuse finement taillée.
On apercevait, à travers les gros carreaux transparents, les plantes enfermées dans la serre. Mais, malgré la grandeur de celle-ci, elles y étaient à l’étroit. Les racines se confondaient et s’enlevaient l’une à l’autre l’humidité et la nourriture. Les branches des arbres se mêlaient aux feuilles immenses des palmiers, les pliaient et les brisaient et, venant peser sur les châssis de fer, étaient à leur tour pliées et brisées. Les jardiniers ne cessaient de tailler les branches, de lier les feuilles au moyen de fils d’archal pour les empêcher de croître où bon leur semblait, mais leurs efforts étaient peu efficaces. L’espace, le sol natal et la liberté, voilà ce qu’il eût fallu aux plantes. Originaires des pays chauds, créatures délicates, bien que de nature exubérante, elles se souvenaient de la patrie et se mouraient de nostalgie. Mais si le toit était transparent, ce n’était pas cependant le ciel clair. Parfois, l’hiver, les vitres gelaient ; alors l’obscurité tombait lentement dans la serre. La bise soufflait violemment, battait les châssis et les faisait trembler. Le toit se couvrait de neige. Les plantes se dressaient et écoutaient le hurlement du vent ; elles se souvenaient alors d’un autre vent, tiède, moite, qui leur donnait la vie et la santé. Et elles aspiraient à sentir de nouveau son souffle ; elles désiraient qu’il vînt incliner leurs branches, se jouer dans leurs feuilles. L’air était immobile dans la serre, sauf quand une bourrasque d’hiver cassait les vitres et qu’un flot piquant et froid, plein de givre, pénétrait sous la voûte. Partout où tombait ce froid, les feuilles pâlissaient, se crispaient, se fanaient. Toutefois, les carreaux de vitre étaient bien vite replacés. Le jardin botanique était administré par un directeur distingué et érudit ; celui-ci ne permettait aucun désordre, bien qu’il passât une grande partie de son temps à travailler au microscope dans un petit pavillon vitré arrangé dans la grande serre.
Il y avait, parmi les plantes, un palmier plus élevé et plus beau que tous les autres arbres. Le directeur l’appelait en latin Attalea. Mais ce n’était pas là son nom véritable ; les botanistes l’avaient imaginé, ne connaissant pas celui que le palmier portait dans sa patrie et qui n’était pas inscrit non plus sur la planchette blanche fixée au tronc de l’arbre. Un jour vint au jardin botanique un étranger originaire du pays chaud où le palmier était né et avait grandi ; quand il l’eut vu, il se mit à sourire, parce qu’il lui rappelait sa patrie.
« Ah ! dit-il, je connais cet arbre. » Et il l’appelait de son nom réel.
« Pardon ! lui cria de son cabinet de travail le directeur, occupé en ce moment à découper attentivement une tige avec un couteau, vous vous trompez. Il n’existe pas d’arbre du nom que vous avez prononcé ; celui-ci s’appelle Attalea Princeps et est originaire du Brésil.
— Oh ! dit le Brésilien, je crois parfaitement que les botanistes l’appellent Attalea, mais cet arbre a un nom vulgaire qui est son véritable nom.
— Le véritable nom est celui qui est donné par la science, » dit sèchement le botaniste en fermant la porte de son cabinet, pour ne plus être dérangé par une de ces personnes qui ne comprennent même pas que quand un homme de science a parlé, il faut se taire et écouter.
Le Brésilien resta longtemps debout à considérer l’arbre, et tout lui parut de plus en plus triste. Il se rappelait le soleil et le ciel de son pays natal, ses forêts somptueuses avec leurs fauves et leurs oiseaux merveilleux, ses déserts, ses belles nuits chaudes. Il se rappelait encore qu’il n’avait été heureux nulle part, sauf dans sa patrie, et il avait parcouru le monde entier. Il caressait le palmier de la main comme pour prendre congé de lui et sortit du jardin. Le lendemain, il prenait le bateau à vapeur et retournait dans son pays.
Mais le palmier resta. Désormais, la vie lui fut encore plus à charge. Il était absolument seul. Il s’élevait à cinq toises au-dessus des cimes de tous les autres arbres ; ceux-ci ne l’aimaient pas, l’enviaient et le considéraient comme un orgueilleux. Sa haute taille ne lui causait que du chagrin ; tous les autres étaient réunis et Attalea restait isolé ; puis, mieux que tous, il se rappelait le ciel de la patrie, et, plus que tous, il le regrettait, parce qu’il approchait le plus de ce qui en tenait lieu pour les habitants de la serre : le vilain toit vitré. Il lui semblait parfois apercevoir quelque chose de bleu à travers celui-ci : c’était le ciel, un ciel étranger et pâle, mais pourtant le véritable ciel bleu. Et, quand les plantes jasaient entre elles, Attalea se taisait toujours, tout à ses regrets et songeant combien il serait bon de se trouver, ne fût-ce que sous ce ciel blafard.
« Dites, s’il vous plaît, est-ce qu’on ne va pas bientôt nous arroser ? demanda le sagoutier, qui aimait beaucoup l’humidité. Il me semble vraiment que je vais dessécher aujourd’hui.
— Vos paroles m’étonnent, cher voisin, dit le cactus ventru. Est-il possible que cette immense quantité de liquide qu’on verse chaque jour sur vous ne vous suffise pas ? Regardez-moi, on me donne très peu à boire et cependant je suis frais et juteux.
— Nous ne songeons guère à l’économie, répliqua le sagoutier. Nous ne pouvons pas croître dans une mauvaise terre toute sèche, comme de simples cactus. Nous ne sommes pas habitués à vivre sans soins. D’ailleurs, vous n’êtes pas invité à présenter vos observations. »
Ayant dit cela, le sagoutier, se sentant blessé, se tut.
« Pour ce qui me concerne, intervint le cannellier, je suis presque satisfait de ma situation. En vérité, nous nous ennuyons ici, mais, du moins, je suis sûr que personne ne m’écorcera.
— Mais on ne nous écorçait pas tous, dit la fougère arborescente. Cette prison elle-même peut passer pour un paradis après la vie pitoyable que ceux qui y sont retenus ont menée en liberté. »
Alors le cannellier, oubliant qu’autrefois on l’écorçait, se fâcha et se mit à discuter. Certaines plantes prirent son parti, d’autres celui de la fougère, et il surgit une querelle très vive. S’ils avaient pu se mouvoir, ils se seraient certainement entredéchirés.
« Pourquoi vous querellez-vous ? dit Attalea. Quel profit retirerez-vous de ces disputes ? Vous ne faites qu’accroître votre malheur par votre animosité et votre irritation. Cessez plutôt vos discussions et songez à agir. Écoutez-moi, croissez en hauteur et en largeur, dispersez vos branches, arc-boutez-vous contre les châssis et les vitres ; notre serre tombera en morceaux et nous conquerrons la liberté. Si une branche quelconque vient rencontrer la vitre, on la coupera certainement, mais que fera-t-on d’une centaine de troncs forts et audacieux ? Il s’agit simplement de travailler avec plus d’entente, et la victoire est à nous. »
D’abord, personne ne répondit au palmier ; tous se taisaient, ne sachant que dire. Enfin le sagoutier se décida.
« Tout cela, ce sont des bêtises, déclara-t-il.
— Des bêtises, des bêtises, répétèrent les arbres, et tous ensemble se mirent à prouver à Attalea qu’il proposait de terribles absurdités. Rêve irréalisable ! crièrent-ils, absurdité ! sottise ! Les châssis sont résistants, nous ne les briserons jamais, et, même si nous parvenions à les briser, qu’arriverait-il ? Il viendra des gens avec des couteaux et des haches, ils couperont les branches, recouvriront les châssis et tout ira comme auparavant. Il n’en résultera qu’une chose, c’est qu’on nous enlèvera des morceaux entiers de notre corps.
— Bien, comme vous le voulez, répondit Attalea. Je sais à présent ce que j’ai à faire. Je vous laisserai en repos ; vivez comme il vous plaît, querellez-vous, discutez au sujet de votre ration d’eau et restez éternellement sous la cloche vitrée. Je trouverai tout seul ma voie. Je veux voir le ciel et le soleil en face et non au travers et de ces grillages et de ces vitres, et je les verrai. »
Le palmier regardait fièrement du haut de sa cime verte la forêt de plantes, ses camarades, étendue sous lui. Aucune d’elles n’osait rien lui dire ; seul le sagoutier dit doucement à son voisin, le cycas : « Eh bien, voyons, voyons comme on te coupera ta grande tête pour t’empêcher de t’enorgueillir à l’excès, vaniteux ! »
Les autres se taisaient, mais ils en voulaient à Attalea pour ses paroles hautaines. Seule, une toute petite herbe n’avait pas d’animosité contre le palmier et ne se fâchait pas de ses discours. C’était la plus pitoyable et la plus misérable de toutes, faible, décolorée, rampante, avec de grosses feuilles fanées. Il n’y avait en elle rien de remarquable et elle ne servait dans la serre qu’à couvrir la terre nue. Elle s’enroulait autour du grand palmier en l’écoutant et il lui semblait qu’Attalea avait raison. Elle ne connaissait pas la nature méridionale, mais elle aimait l’air et la liberté. Pour elle aussi la serre était une prison. « Si moi, pauvre petite herbe fanée, je souffre à tel point parce que je suis privée de mon ciel gris, de mon soleil pâle et de ma froide pluie, que doit éprouver dans sa servitude ce beau et puissant arbre ? » ainsi pensait-elle, et elle s’enroulait tendrement autour du palmier et lui prodiguait des caresses.
« Pourquoi ne suis-je pas un grand arbre ? Je suivrais ton conseil ; nous grandirions ensemble et nous atteindrions ensemble la liberté. Alors les autres verraient qu’Attalea a raison. » Mais elle n’était pas un grand arbre ; elle n’était qu’une toute petite herbe fanée. Elle ne pouvait que s’enrouler plus tendrement encore autour du tronc d’Attalea et lui chuchoter son amour et son désir de le voir réussir dans son entreprise.
« Évidemment, chez nous, il ne fait pas aussi chaud, le ciel n’est pas aussi pur, les pluies ne sont pas si abondantes que dans votre pays, mais nous avons pourtant notre ciel, notre brise. Chez nous, point d’arbres somptueux comme vous et vos camarades, avec d’immenses feuilles et des fleurs éclatantes, mais il y grandit quand même de très beaux arbres : des pins, des sapins et des bouleaux. Quant à moi, petite herbe, je n’obtiendrai jamais la liberté, mais vous, vous êtes si grand et si fort ! Votre tronc est ferme et il ne vous reste plus beaucoup à grandir pour arriver au toit vitré. Vous le briserez, et vous verrez la vraie lumière. Et puis, vous me direz si tout est encore aussi beau là qu’autrefois. Je me contenterai déjà de cela.
— Mais pourquoi, petite herbe, ne veux-tu pas sortir d’ici avec moi ? Mon tronc est ferme et robuste ; appuie-toi dessus et traîne-toi sur moi. C’est peu de chose pour moi de t’emporter.
— Hélas, comment le pourrais-je ? Voyez comme je suis fanée et débile ; je ne sais même pas soulever une seule de mes petites branches. Non, je ne conviens pas comme compagnon. Croissez, soyez heureux. Je ne vous demande qu’une chose, c’est, quand vous serez libre, que vous vous souveniez parfois de votre humble amie. »
Alors le palmier se mit à grandir. Déjà auparavant, les gens qui visitaient la serre s’étonnaient de sa taille énorme, mais désormais, chaque mois, il s’éleva plus haut. Le directeur attribuait cette croissance rapide aux bons soins et s’enorgueillissait de la science avec laquelle il administrait la serre et s’acquittait de ses fonctions.
« Jetez un coup d’œil sur Attalea Princeps, dit-il. De si grands exemplaires se rencontrent rarement, même au Brésil. Nous avons employé toute notre science pour que les plantes pussent se développer dans la serre aussi librement que dans leur patrie, et nous y avons quelque peu réussi, me semble-t-il. »
Là-dessus, le visage satisfait, il se mit à frapper légèrement de sa canne le grand arbre, et les coups retentirent bruyamment par toute la serre. Les feuilles du palmier tremblèrent. Oh ! si celui-ci avait pu gémir, quelles lamentations de colère eût entendues le directeur !
« Il s’imagine que je grandis pour son plaisir, pensait Attalea. Bah ! laissons-lui cette idée. »
Et le palmier croissait, employant toute sa sève à s’allonger, tandis que ses racines et ses feuilles en étaient privées. Il lui semblait parfois que la distance qui le séparait de la voûte ne diminuait pas. Alors il rassemblait toutes ses forces. Les châssis se rapprochèrent de plus en plus et, finalement, une jeune feuille toucha la froide vitre et l’armature en fer.
« Voyez, voyez, dirent les plantes, jusqu’où il est monté. Est-il possible qu’il osera... ?
— Comme il a terriblement grandi, dit la fougère arborescente.
— À quoi bon ? Quel prodige y a-t-il là ?
— Ah ! s’il savait prendre de l’embonpoint comme moi, dit le gros cycas, dont le tronc ressemblait à un tonneau. Et pourquoi s’étend-il ? C’est comme s’il ne faisait rien. Les barreaux sont solides et les vitres épaisses. »
Il se passa encore un mois. Attalea s’élevait. Enfin, il s’approcha tout près des châssis. Pas moyen d’aller plus loin. Alors le tronc se mit à se courber. Sa couronne de feuilles se froissa, les tringles froides du châssis s’enfonçaient dans les jeunes feuilles, si délicates, les coupaient et les mutilaient ; mais l’arbre était opiniâtre et ne regrettait pas ses feuilles ; sans rien considérer, il pressait sur les barreaux, et ceux-ci commençaient à céder, bien qu’ils fussent faits du fer le plus dur.
La petite herbe suivait la lutte ; l’émotion la poignait.
« Dites-moi, est-il possible que vous n’ayez point de mal ? Si les châssis sont si solides, ne vaudrait-il pas mieux battre en retraite ? demanda-t-elle au palmier.
— Du mal ? Qu’est-ce que cela signifie quand je veux conquérir ma liberté. Ne m’as-tu pas encouragé toi-même ? répondit le palmier.
— Oui, je vous ai encouragé, mais je ne savais pas que c’était si difficile. Je vous plains, vous souffrez tant.
— Tais-toi, petite plante ! Ne t’apitoie pas sur moi ! Je mourrai ou je m’affranchirai ! »
En ce moment, on entendit un grand coup. Une grosse barre de fer se rompit ; des éclats de vitre se répandirent sur le sol. Un de ces morceaux effleura le chapeau du directeur qui sortait précisément de la serre.
« Qu’est-ce ? s’écria-t-il, effrayé par la vue des éclats de vitre volant dans l’air. Il sortit précipitamment et porta son regard vers le toit. Au-dessus de la voûte vitrée se pavanait fièrement la cime verte, redressée cette fois, du palmier.
— Ce n’est que cela, pensait celui-ci. Et c’est pour cela que j’ai langui et souffert si longtemps ! Arriver là était pour moi le but suprême ! »
La saison était très avancée quand Attalea redressa sa cime à travers l’ouverture qu’elle avait percée. Il tombait une pluie fine avec de la neige ; le vent chassait très bas les nuages gris ébouriffés. Il semblait à Attalea que ceux-ci l’entouraient. Les arbres se dépouillaient déjà et présentaient l’aspect de cadavres défigurés. Les pins et les sapins seuls étaient encore couverts d’aiguilles d’un vert foncé. Les arbres regardaient le palmier d’un air morne ; ils semblaient lui dire :
« Tu vas geler ! Tu ne sais pas ce que c’est que la gelée ; tu n’es pas à même d’endurer la rigueur de la saison ; pourquoi es-tu sorti de ta serre chaude ? »
Et Attalea comprit que pour lui tout était fini. Il se figeait. Retourner de nouveau sous le toit ? Mais il ne pouvait déjà plus retourner. Il devait rester exposé au vent froid, sentir ses coups et le contact perçant des flocons de neige, regarder le ciel bourbeux, la nature indigente, l’arrière-cour sale du jardin botanique, la grande ville ennuyeuse apparaissant dans le brouillard, et attendre tant que des gens en bas dans la serre aient décidé ce qu’il y avait lieu de faire de lui.
Le directeur ordonna de scier l’arbre.
« On pourrait construire au-dessus de lui une cloche particulière, dit-il, mais cela servirait-il bien longtemps ? Il grandirait de nouveau et briserait tout. Et, en outre, cela coûterait extrêmement cher ; qu’on le scie ! »
On attacha le palmier avec des câbles pour que, en tombant, il ne brisât pas les murs de la serre, et on le scia à partir de la racine. La petite herbe, qui avait entouré le tronc de l’arbre, ne voulut pas se séparer de son ami et tomba aussi sous la scie. Quand on retira le palmier de la serre, sur la souche qui restait, gisaient des tiges et des feuilles fracassées par la scie, déchiquetées.
« Arrachez ces ordures et jetez-les hors d’ici, dit le directeur ; cela a jauni et a été endommagé par la scie. Plantez-y quelque chose d’autre. »
Un des jardiniers, par un adroit coup de bêche, arracha toute une brassée d’herbe qu’il mit dans un panier ; il transporta celui-ci dans l’arrière-cour et en jeta le contenu sur l’arbre mort, qui gisait dans la boue, déjà à moitié couvert de neige.
Note Du Traducteur. — Le lecteur trouvera sur la destinée tragique de l’auteur de cette nouvelle, Vsevolod Michaïlovitch Garchine (1855-1888), des détails dans l’Histoire de la littérature russe (Paris, Colin, 1900, I vol. in-8°, pp. 414-417) et surtout dans un article très intéressant de Mme Vera Starkoff, ayant pour titre : « Les écrivains russes qui vont au peuple », qui a paru le Ier juin 1899 dans la Revue des revues. La présente traduction a été faite pour la première fois sur l’édition du comité de la Société de secours aux littérateurs et savants besoigneux (Pétersbourg, Skorochodoff, 1892, t. Ier). (Les œuvres de Garchine comprennent trois volumes.) M. Waliszewski reproche au symbolisme d’Attalea Princeps d’être trop vague. Fallait-il donc que Garchine transformât cette œuvre légère et gracieuse en un pamphlet ? Du reste, ce symbolisme est si peu vague qu’il serait difficile de trouver plusieurs interprétations art conte du jeune écrivain. La « grande serre » dont il est question ici, désigne clairement le tsarisme, et, quand le palmier géant est parvenu à briser la lourde armature de fer qui l’oppresse et le sépare du ciel et de la liberté, c’est une déception qui l’attend : la liberté, comme tout idéal, est un mirage. Ce sentiment est indiqué d’une façon bien délicate. Disons pour finir que Garchine ne conçoit pas la liberté sans un ardent amour pour son pays. Comme Tourguénieff, il aime profondément « la terre russe et la langue russe ».
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Texte établi par la Bibliothèque russe et slave, déposé sur le site de la Bibliothèque le 11 février 2014.
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